Si l'on devait retenir un nom de femme ayant marqué l'année 2003, le premier qui viendrait à l'esprit est celui de Fatma-Zohra Bouchemla. La particularité de l'ex-membre de gouvernement chargée de la Communauté nationale à l'étranger ne réside pas dans le fait qu'elle ait occupé une fonction aussi prisée que celle de ministre. Loin s'en faut. Cette avocate de formation agréée à la Cour suprême et mère de trois enfants s'est distinguée par son refus de devenir une femme alibi sacrifiant ses convictions de militante FLN pour son maintien au gouvernement. Dès que le président-candidat exigea de son entourage, en mai dernier, de choisir son camp et de se positionner en perspective de la présidentielle de 2004, l'ex-députée élue sur la liste d'Alger lors des législatives du 30 mai dernier a vite fait de se déterminer. Au moment même où le président Bouteflika avait martelé en Conseil des ministres en mai 2003 : “Vous êtes des ministres et non des militants”, l'ex-membre de la commission des droits de la femme et de l'enfant à l'APN avait répondu qu'“avant d'être ministre, on est militant et on est militant tous les jours après 5 heures”, témoigne un de ses proches. Cette phrase qui n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd lui a valu bien des déboires par la suite. Dans un premier temps, en effet, l'ex-ministre a dû endurer une marginalisation au sein de l'Exécutif Ouyahia où elle était pratiquement interdite d'activité et de déplacement. Elle sera limogée dans un deuxième temps et plus précisément le 5 septembre 2003 du gouvernement. Regrette-t-elle pour autant sa position tranchée en faveur du secrétaire général de son parti ? “Mais pas du tout”, martèle-t-elle tout en insistant que “bien au contraire, après le limogeage d'Ali Benflis c'est nous qui avons revendiqué de quitter le gouvernement. On était marginalisé et soumis à d'importantes pressions. Notre limogeage constitue une véritable libération”. Quand on l'interroge sur les motivations de ses prises de décision et de son militantisme, l'ex-ministre native de Barika dans la wilaya de Batna répond en martelant que “c'est parce que nous sommes des enfants de ce pays et qu'on est convaincu de la nécessité de changer les choses”. Chargée par le parti, dans le cadre de la campagne électorale pour avril 2004 d'installer les comités de soutien à Ali Benflis à l'étranger, Mme Bouchemla a également pour mission de sillonner plusieurs wilayas du pays pour porter le message de son parti à la population. Quel est son discours à la population ? “Nous dénonçons, dit-elle, toutes les persécutions et les fronts ouverts contre les partis politiques, la presse, les syndicats, les enseignants, les organisations et la société tout entière. Nous disons aux citoyens qu'il y a beaucoup à dire sur l'Etat de droit, surtout depuis qu'on a découvert la justice de la nuit”, souligne-t-elle tout en martelant : “Nos rencontres avec les citoyens, on les fait avec une profonde conviction sans sentir la fatigue parce qu'il y a péril en la demeure, et l'Algérie est véritablement en danger.” N. M.