Des étudiantes de la faculté centrale ont défilé côte à côte avec les supporters du Mouloudia d'Alger pour fêter la victoire des Verts. Des filles voilées ont spontanément dansé comme dans un mariage dans les rues d'Alger aux côtés des supporters des Fennecs. D'autres juchées sur les portières des véhicules brandissant l'emblème national ont défilé à l'instar des garçons. Pour cette occasion, la frontière entre les sexes est abolie. En Kabylie malgré les rigueurs de la tradition, femmes et hommes dans des villages, ont suivi en commun le match à travers des écrans géants. Des mères de famille, des vieilles, au coup de sifflet final de l'arbitre annonçant la victoire des Verts sur les Egyptiens, sont spontanément sorties pour défiler toute la nuit dans la rue sur l'ensemble du territoire national. Dans les wilayas les plus reculées d'Algérie, les femmes n'ont pas hésité à exprimer, elles aussi, dans la rue leur joie. À Khartoum, elles étaient 1 500 femmes à soutenir l'équipe nationale aux côtés des supporters hommes, sans qu'elles soient huées, agressées ou insultées. Jeudi, elles ont accueilli en délire au même titre que les hommes à Alger le onze national qui a regagné le pays au lendemain de sa brillante qualification au Mondial-2010 en Afrique du Sud. Au passage du cortège pour saluer les champions, les femmes de tous âges venues des différentes localités ont pris place sur le talus, le long de l'autoroute, drapeaux à la main pour saluer les héros de Khartoum. Regroupées le long de l'axe reliant l'aéroport au centre-ville, les femmes étaient aux côtés des hommes pour saluer, comme il se doit, les capés de Saâdane. Scandant “One, two, three, viva l'Algérie”, “Djeïch, Chaab Maâk Ya Saâdane” reprenant aussi les airs des tubes comme “Maâk Yal Khedra” et “Djibouha ya louled”, les femmes se sont également enveloppées de l'emblème national. Klaxons, tambours et trompettes, les femmes et les jeunes filles n'ont pas aussi manqué d'exécuter des pas de danse au rythme de la derbouka. En délire et très heureuses de voir de si près Saïfi, Ghilès, Chaouchi, Meghni, les femmes n'ont pas hésité à leur dédier des youyous à gorge déployée pour leur dire toute leur reconnaissance de leur victoire sur les Egyptiens. La réponse des Verts par des signes de la main les a mises encore plus en délire en enchaînant les youyous et les slogans. Ravis de voir les femmes partager leur joie, les supporters leur ont même dédié un slogan pour qu'elles les accompagnent avec des youyous. “Matetzewdjch eli matwelwelch” (celle qui ne fait pas de youyous ne se mariera pas), ont scandé les hommes. Les femmes algériennes ont ainsi vécu la la qualification de l'équipe nationale au Mondial. C'est que la victoire de l'équipe nationale est aussi la victoire des femmes algériennes. Confinées dans un statut de mineure à vie du fait du code de la famille, muselées par une organisation sociale traditionnelle qui les rétrograde par rapport aux hommes, victimes de l'islamiste qui les diabolise, ces femmes à la faveur de la victoire de l'équipe nationale ont bravé toutes ces barrières pour s'exprimer au grand jour. Dans leur joie et émotions, elles étaient, pour une fois, sur le même pied d'égalité avec les hommes.