Malgré les tensions, le président de la FAF a su mener l'équipe à la qualification : Raouraoua, l'homme par qui le succès arrive “Quand notre président de la Fédération de football, Samir Zaher, fait un pas, son homologue de la Fédération algérienne, Mohamed Raouraoua, en a déjà fait 100 en direction des instances internationales”. C'est l'aveu même d'un journaliste égyptien interrogé, vendredi soir, sur la chaîne égyptienne Nil TV qui cherchait, en fait, à mettre en exergue le grand rôle joué par Raouraoua dans la qualification des Verts au Mondial-2010. En ces temps où Nil TV verse carrément dans l'insulte envers les Algériens, arracher un tel “compliment” relève plutôt de l'impossible. En fait, l'homme, qui a déjà occupé des postes de responsabilité importants, est sans doute derrière ce fabuleux exploit des Verts. À travers une organisation sans faille autour de l'équipe nationale, il a réussi là où beaucoup d'autres ont échoué depuis 1986, date de la dernière participation de l'Algérie au Mondial. Elu en février 2009, et suffisamment renseigné par une première expérience mitigée à la tête de la FAF, Raouraoua a commencé d'abord par conforter Rabah Saâdane dans son poste d'entraîneur national. En coulisse, on murmure même que c'est lui qui a recommandé Saâdane à son prédécesseur Hamid Haddadj. “C'est l'homme de la situation ; il avait fait avec moi la CAN-2004 et je sais que je peux compter sur lui pour relever le défi des qualifications”, disait-il au moment déjà où il a confirmé Saâdane à son poste. À cette équipe nationale, il aura donné tous les moyens et exécuté dans les moindres détails les doléances de son entraîneur. Ce dernier ne manquera du reste aucune occasion pour lui rendre la pareille en parlant de gestion moderne de la FAF. Stages, équipements, hébergement, primes, tout est passé au peigne fin et préparé à l'avance ; l'EN se dote d'une organisation professionnelle. Fini la galère des aéroports, les problèmes d'insalubrité des hôtels, la billetterie impayée, les joueurs mis dans des conditions inadéquates ! Les pros sont les premiers à le reconnaître. C'est d'ailleurs un secret de Polichinelle, Raouraoua est très proche de ses joueurs. “Le papa gâteau”, selon les joueurs. “Il a tout fait pour l'équipe, c'est l'une des clés de notre réussite”, dixit Saâdane. Pour certains, le succès de l'équipe est la réussite d'une politique adoptée dès le début par Raouraoua et qu'il n'a jamais cherché à dissimuler. Celle qui consistait à faire appel au maximum de pros qui, pour lui, sont beaucoup plus performants car évoluant dans des championnats plus huppés. Une politique du “tout-pro” que Raouraoua a menée en dépit d'une certaine résistance de quelques présidents de club et même de la presse. Il sera d'ailleurs derrière l'amendement de la Fifa concernant les joueurs possédant la double nationalité. Meghni, Yebda et Abdoun viendront en un tour de main grossir les rangs des Verts, apportant une plus-value certaine. Cependant, l'histoire retiendra surtout que Raouraoua a été le seul officiel algérien à avoir réagi avec fermeté lors de la crise du Caire. Il n'hésitera pas à mettre le doigt sur le complot des Egyptiens contre la sélection algérienne et a menacé même de rentrer au pays sans jouer le match devant “l'agression barbare”. À Khartoum, il refusera de serrer la main de Samir Zaher qui tentait de se réconcilier avec eux. “Jamais je ne pardonnerai ce qui s'est passé, jamais je ne me réconcilierai avec Samir Zaher”, nous confiera-t-il. Il revient sur ce qu'il avait déclaré à Liberté en octobre 2008 Saâdane : “Si c'était à refaire, je ne choisirais pas l'Egypte” Le coach national Rabah Saâdane n'a pas la mémoire courte. Il se rappelle très bien qu'avant le tirage au sort des qualifications au Mondial et à la CAN 2010, il nous avait confié, dans un entretien exclusif accordé à Liberté et Liberté Foot, qu'il aimerait bien tomber sur l'Egypte. Il en avait expliqué les raisons. Quelques jours plus tard, son vœu a été exaucé et il nous avait même déclaré qu'il était content d'un tel tirage au sort bien qu'à ce moment-là il était resté discret sur nos chances de qualification au Mondial. “On visera d'abord la CAN, ensuite on verra”, s'était-il limité à répéter dans la presse. La suite, vous la connaissez. Mercredi, dans le délire indescriptible de la qualification, Saâdane n'a pas pour autant perdu sa lucidité. Lorsqu'on lui rappellera ce qu'il nous avait déclaré quelques mois auparavant, il répond sans hésitation : “Je me rappelle très bien ce que je vous ai dit. Oui, je voulais l'Egypte, et j'avais mes raisons. Aujourd'hui, la suite des événements m'a donné raison. Mais, franchement, si votre question est de savoir que si c'était à refaire, je choisirais l'Egypte ou non, je vous dit tout de suite, non !” Pourquoi ? “Et bien, jamais je n'aurais pensé que les Egyptiens descendraient aussi bas dans leur quête de la qualification. Moi, j'avais l'image de cette équipe double championne d'Afrique, qui pratiquait un football de qualité, très proche du nôtre. Ce qui expliquait un peu mon choix. Mais après ce que nous avons vécu comme enfer au Caire, j'ai honte pour eux. Imaginez-vous que les Egyptiens n'ont pas hésité à caillasser notre bus et à blesser des joueurs rien que pour nous intimider ! Ils ont usé de moyens machiavéliques pour arracher leur qualification. Cela est désolant de la part d'un grand pays comme l'Egypte.” D'ailleurs, Saâdane rappelle, encore une fois, que “sans les intimidations des Egyptiens, nous aurions arraché notre qualification au Caire même. Croyez-moi, à un certain moment, je ne pensais qu'à une seule chose : sortir indemnes de cet enfer, du moins avec le moins de dégâts. Et quand l'arbitre a sifflé la fin de la partie et que nous étions encore en course (match barrage), je me suis dit que notre jour était venu et que la qualification ne pouvait nous échapper”, dit-il. D'ailleurs, lors du récent entretien qu'il nous a accordé au Caire, à la fin du match, Saâdane n'a pas hésité à dire : “On va les avoir, ces Egyptiens !” Cependant, Saâdane préfère tirer un trait sur cette histoire d'Egypte. “Dieu merci, aujourd'hui, nous sommes qualifiés. C'est notre revanche sur la hogra que nous avons vécue au Caire. L'histoire retiendra que l'Algérie a triomphé dans un duel en terrain neutre. Nous sommes donc les plus méritants”, conclut-il.