Selon le rapport 2009 du Pnud sur le développement humain, 23% de la population vivent en deçà du seuil de la pauvreté. Les émeutes de la faim secouent le pays des pharaons, c'est symptomatique de la pauvreté généralisée qui y avance. L'Egypte souffre de la faim ! Un tiers des enfants sont atteints de malnutrition, selon le dernier rapport publié par le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud). L'édition de l'enquête démographie et santé (Egypte-EDHS) fait état d'une augmentation de six points d'une sous-nutrition assez grave pour provoquer des retards de croissance chez les enfants de moins de 5 ans. Dans le pays de pharaons, les tout-petits sont ainsi 29% à souffrir d'un retard de croissance, contre 23% en 2000. Un signe qui ne trompe pas quant à l'aggravation de la pauvreté et qui doit être consécutif à la stagnation économique observée chez ses voisins richissimes où s'emploient des contingents entiers d'Egyptiens et d'Egyptiennes. L'enquête a pourtant porté sur des données recueillies dans une période au cours de laquelle les officiels du Caire annonçaient mordicus une croissance de 7,2% un produit intérieur brut (PIB) en augmentation constante. Cette euphorie a été battue en brèche par le Pnud, mais également par l'Unicef dont la représentation en Egypte n'y a pas été par quatre chemins pour dire que malgré le contexte de crise et de ralentissement économiques, auxquels s'ajoutent les épidémies de plus en plus graves de grippe aviaire et A/H1N1, la nutrition n'est pas traitée en priorité par les autorités. Le Pnud et l'Unicef révèlent également qu'“Oum Dounya” bénéficie de programmes alimentaires internationaux. Le Programme alimentaire mondial (PAM) distribue des barres de dattes enrichies dans de nombreuses écoles à risque sous-alimentées. Et plus grave, on apprend aussi que le pain “baladi” destiné aux classes populaires est enrichi en fer-acide folique et en vitamines A et D. Paniqué lors de l'apparition de la grippe aviaire, le gouvernement de Moubarak a procédé en 2007 à l'abattage systématique de millions de poules et poulets, notamment pour ne pas contrarier le tourisme, principale source de revenus, sans indemnisations, et jusqu'à aujourd'hui l'élevage des gallinacés reste interdit. Cet abattage a eu des conséquences importantes et substantielles sur la consommation de volaille et d'œufs des ménages, surtout chez les enfants et a également mis à rude épreuve les ressources des ménages, la vente de volaille représentant près de la moitié des revenus de nombreux foyers égyptiens, a expliqué la FAO dans un rapport intitulé “Evaluation de l'impact sur la subsistance en égypte”. La situation s'est aggravée avec l'abattage des porcs au nom de la lutte contre le fièvre porcine A/H1N1, mais aucune information n'a encore été recueillie sur l'état nutritionnel des quelque 70 000 ramasseurs d'ordures non officiels et des éleveurs de porcs de la région du Caire, qui dépendaient de l'élevage de porcs pour leur consommation de viande, leurs revenus et la production de déchets organiques. L'extrême pauvreté a réapparu dans la Haute-Egypte (sud), où vivent 70% des populations pauvres du pays. Cette Egypte des laissés-pour-compte abrite 20% des 82 millions d'habitants que compte le pays. Au PAM, des voix demandent à ce que le pays de Moubarak soit inscrit dans la liste des “pays les moins développés”, afin de pouvoir recevoir légalement l'aide alimentaire internationale. On est à des années-lumière des logorrhées et diarrhées propagées au Caire contre Alger, avant, durant et après le match de foot.