M. Hamiani a estimé que l'ouverture du commerce extérieur de l'Algérie doit favoriser le développement des capacités productives nationales. “Nous sommes des amis”, a lancé, hier, M. François Périgot, le président d'honneur du Medef, aux hommes d'affaires français et algériens qui participaient à une rencontre organisée par le Forum des chefs d'entreprise, à l'hôtel Sofitel d'Alger, à l'occasion de la visite d'une importante délégation du Medef. Ce cri du cœur traduit l'esprit avec lequel les hommes d'affaires français ont fait le déplacement à Alger. “Les entreprises françaises sont là non pas pour juger du bien-fondé ou pas des mesures, mais comprendre et s'adapter”, nous a déclaré M. Yves Thibault de Silguy. Le président du Forum des chefs d'entreprise, dans son intervention, a rappelé que le monde traverse la crise économique et financière la plus grave depuis 1930. Face aux menaces que fait peser cette crise, les Etats, partout, ont pris des mesures qu'ils ont jugées opportunes pour juguler les effets néfastes au plan humain et amortir les incidences et les difficultés qu'elle engendre sur le plan économique. “C'est dans ce contexte que les autorités de mon pays ont aussi réagi en prenant un certain nombre de mesures pour limiter les déséquilibres de la balance des paiements en raison, d'une part, de la chute des prix du pétrole et, d'autre part, de l'accroissement considérable de nos importations qui frisent les 40 milliards de dollars en 2008”, a expliqué le président du Forum des chefs d'entreprise en s'adressant aux hommes d'affaires français. “Nous ne pouvons pas non plus admettre et supporter que nos besoins soient couverts seulement par les importations”, a-t-il ajouté. M. Hamiani a estimé que l'ouverture du commerce extérieur de l'Algérie doit favoriser le développement des capacités productives nationales. Il a plaidé pour la réalisation d'un niveau suffisant d'intégration et de diversification de l'économie nationale. Il a souligné la nécessité de reconstruire une industrie nationale forte, compétitive, intégrée à l'économie mondiale et orientée aussi vers l'exportation. “Cette nouvelle politique a besoin d'aides, de conseils et d'appuis de la part de nos partenaires notamment dans le transfert de connaissances”, a souligné M. Hamiani, souhaitant que les chefs d'entreprise français et algériens inscrivent la poursuite de leurs efforts “dans cet esprit pour construire des partenariats plus denses et plus diversifiés”. Le président du FCE a indiqué que la nouvelle réglementation ne doit pas constituer un handicap à cette logique. “La volonté de coopérer doit prendre le dessus”, a plaidé M. Hamiani. Le président du Forum des chefs d'entreprise estime que les grandes potentialités économiques et commerciales que recèle l'Algérie peuvent autoriser les deux parties “à transcender les difficultés conjoncturelles et à poursuivre l'articulation étroite des intérêts des entreprises algériennes et françaises, dans le cadre d'un partenariat équilibré fondé sur des alliances stratégiques”. L'intérêt de ces alliances que le Forum des chefs d'entreprise appelle de ses vœux est d'impulser et d'accompagner la modernisation des entreprises algériennes, par l'acquisition des capacités organisationnelles et technologiques indispensables à leur compétitivité. Pour les entreprises françaises, l'intérêt est d'accéder à des opportunités nouvelles offertes par un marché porteur. Le président du FCE a suggéré, dans ce cadre, la création d'une banque d'investissements et d'un fonds de garantie de l'investissement mixte. La SAA crée une filiale dédiée à l'assurance des personnes avec la Macif Le président du FCE a indiqué que malgré les vicissitudes de l'heure, “le partenariat” entre Français et Algériens se porte bien, s'appuyant sur quelques exemples de réussite comme la SAA avec la Macif, BNP Paribas, MDI Alger, Bel, Alstom… présentées durant la rencontre. Le président-directeur général de la SAA a, dans ce cadre, annoncé la création avec la Macif d'une filiale dédiée à l'assurance des personnes, dans laquelle la Macif ne détient que 41% des parts. Les 59% restants sont ventilés entre la SAA et deux banques publiques que les deux parties ont voulu intégrer pour développer la bancassurance. Si la direction générale de la filiale est confiée à la Macif, le conseil d'administration sera présidé par la partie algérienne. M. Amara Latrous, qui est aussi président de l'Union algérienne des sociétés d'assurance, a indiqué que le marché algérien des assurances à la fin de 2008 a réalisé un chiffre d'affaires d'un milliard de dollars. “Mais nous avons estimé le potentiel du marché à 10 milliards de dollars”, souligne le président de la SAA. Par ailleurs, sur le milliard de dollars de chiffre d'affaires réalisé par le secteur, les assurances des personnes ne représentent que 10%. Tous ces paramètres révèlent l'énorme besoin qui reste à couvrir par les assureurs. M. Amara Latrous a affirmé que la SAA compte, à partir de l'année prochaine, se lancer dans la réassurance avec le soutien de la Macif. Mais tout n'est pas rose ; le représentant de Total a présenté aussi le projet pour la réalisation en partenariat d'un complexe de vapocraquage d'éthane avec Sonatrach. “C'est compliqué, ça prend du temps, mais il illustre des intérêts convergents”, a souligné le représentant de Total. La définition de l'usine pétrochimique et des périphériques est très avancée. La sélection des technologies se termine. “Nous espérons revenir le mois prochain pour finaliser, avec nos amis de Sonatrach, les négociations commerciales avec les bailleurs de licences”, a indiqué le représentant de Total. Le souci sur le plan technique, affirme le responsable de Total, est la maîtrise du montant des investissements. “Sur le pan contractuel, la loi de finances complémentaire a apporté un degré supplémentaire de complexité, susceptible d'avoir un impact significatif sur la rentabilité du projet”, a affirmé le représentant de Total. “Nous sommes très intéressés par le projet”, a-t-il souligné, mais Total est préoccupé par la question du risque de change. Total n'est pas dérangé par la question des 59% - 41%, mais l'entreprise française se préoccupe surtout des montants de réinvestissement à faire. Total affirme attendre la publication des textes d'application de la loi de finances de 2009, pour faire passer le projet au Conseil national d'investissement. C'est le cas aussi dans le médicament. Selon Le P-DG de Soprophal, les laboratoires français qui avaient en 1999 une part de marché de plus de 75% se retrouvent, en 2008, avec une part de marché inférieure à 50% et des ruptures de stocks cycliques. Pour autant, M. Thierry Courtaigne, vice-président et directeur général du Medef, affirme que les entreprises françaises “s'inscrivent dans le long terme sur le marché algérien”, annonçant 5 milliards de dollars d'investissements français en Algérie à court et moyen terme, dont la moitié dans le secteur des hydrocarbures.