Après un premier passage à Alger, en février dernier, l'association Corps et Métaphore et l'ensemble El Djazira ont convié, mercredi dernier au palais de la Culture Moufdi-Zakaria, le public algérois à un spectacle musique-danse dans un esprit de fusion et de communion entre l'expression corporelle et musicale. Intitulé Croisière andalouse de Lille à l'île, le spectacle avait débuté par un prélude (piano) suivi d'un btaïhi sur le mode zidane. La particularité de cet intermède est qu'il a été exécuté en acoustique. Un début annonciateur d'un moment de raffinement bien relevé. Le programme de ces deux soirées artistiques est composé de quatre parties plus un final qui en ont ravi plus d'un et ce, tant par les œuvres interprétées que par la manière avec laquelle elles ont été exécutées : le jeu et la voix. Dès l'entame, l'ensemble Al Djazira chantait d'une seule voix, pure et cristalline, nous rappelant les soirées d'antan, à l'époque du grand Ziryeb, en Andalousie, en passant aussi par celles organisées par les beys et les deys dans leur palais, à l'époque turque à la Casbah. C'est à la deuxième partie, avec une suite musicale andalouse sur le mode zidane que les danseuses de l'association Corps et Métaphores de Lille ont fait leur apparition. Portant toutes les deux le costume de Mezghena, la ville de Sidi Abderrahmane Alger la blanche, dans son essence la plus pure, à savoir une seroual mssetef (plissé), une bediîa (gilet ajusté), des manches en voile, la taille ceinturée d'un fichu en harrar et la tête enveloppée d'une mehermet el ftoul (foulard à franges), avant d'être rejointes par une troisième, qui, elle, sera enveloppée d'un long drap blanc, rappelant le hayek, et le visage caché à moitié par un aâdjar (voilette). Des costumes puisés dans la tradition andalouse, datant des XVIIe et XVIIIe siècles. Avec un déhanché gracieux, le trio exécutait des pas de danse alliant la grâce du corps et la pureté de la musique. Puisé dans le patrimoine ancestral arabo-andalous, l'ensemble Al-Djazira et l'association Corps et Métaphores ont pendant plus de deux heures exhumé un patrimoine culturel très apprécié par le public. La “meneuse de revue”, Doudja Brahimi Derouin (fille du regretté Momo et initiatrice de l'association Corps et Métaphores) avec une élégance dans le geste et le mouvement, traduisait avec ses deux comparses la musique qu'interprétait l'ensemble andalou. Ainsi, durant cette soirée, le public a pu écouter et savourer un cocktail musical andalou extrait des trois albums de l'association Al Djazira, rehaussé par une mise en espace chorégraphique par les danseuses du ballet de l'association lilloise Corps et Métaphores, même si à certains moments un manque de synchronisation entre les danseuses était trop visible. Peut-être était-ce dû au trac. Avec ce travail d'alternance entre musique et danse, c'est la mise en valeur de l'universalité culturelle et le mariage quasi réussi du patrimoine musical andalou avec toute la richesse du langage du corps. Ce même spectacle a aussi été donné jeudi dernier en soirée à la salle Ibn Zeydoun.