Très attendue, notamment sur le volet de la revalorisation salariale, cette tripartite n'aura pas dérogé à la règle dans la mesure où le gouvernement, la Centrale syndicale et les organisations patronales ont pratiquement tenu le même discours. Que ce soit pour les volets économiques ou ceux ayant trait aux aspects sociaux, tout ou presque a été réglé bien avant la tenue de la tripartite, qui devient, pour ainsi dire, une simple formalité. La revalorisation du SNMG, promise par le président Bouteflika dans son discours du 24 février 2009, devrait être entérinée ce jeudi, mais déjà le projet de loi de finances 2010, adopté par l'APN, a prévu la dotation pour cette augmentation qui se situerait autour de 3 000 dinars. La logique aurait voulu que la tripartite en débatte avant le dépôt du projet de loi de finances au Parlement. Mais ce n'est pas le seul reproche fait à l'Exécutif. Des organisations patronales ont saisi l'ouverture de la réunion tripartite pour exprimer leurs regrets de ne pas avoir été associées par le gouvernement dans la mise en place de la stratégie de riposte aux effets de la crise financière mondiale. Une attaque indirecte aux dispositions de la loi de finances complémentaire 2009, notamment parce qu'elle considère tous les opérateurs économiques comme de simples importateurs. Mais, dans le fond, cette loi de finances complémentaire fait le consensus aussi bien chez la Centrale syndicale que chez le patronat qui salue les mesures prises en vue de protéger l'outil de production nationale. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, connu pour son pragmatisme qui lui vaut souvent une impopularité, n'est pas venu pour distribuer de l'argent à tout le monde. La revalorisation du SNMG, décidée par le chef de l'Etat, ne devrait pas dépasser les 3 000 dinars. C'est déjà une prouesse par rapport aux tripartites précédentes où cette augmentation ne dépassait pas les 2 000 dinars. Mais est-ce suffisant ? Assurément pas, d'autant plus que la frange des travailleurs payés au SNMG ne représente qu'une infime partie de la masse des travailleurs et que le fameux article 87 bis continue à empêcher que cette augmentation du SNMG ne soit généralisée à tous les salariés. Avec la dégradation continue du pouvoir d'achat, cette nouvelle augmentation du SNMG constitue une goutte d'eau dans l'océan des attentes et risque d'exacerber davantage le front social qui serait, peut-être, tenté de suivre l'exemple des travailleurs du secteur de l'éducation qui ont arraché leurs droits en paralysant les écoles pendant plus de deux semaines. Ahmed Ouyahia espère, au contraire, faire quelques économies en imputant aux patrons la charge des allocations familiales et en supprimant les dispositions relatives aux retraites anticipées. Le Premier ministre avoue que la crise financière mondiale a eu ses effets, notamment en ce qui concerne les recettes des exportations. Il avoue, également, que les mesures prises dans la loi de finances complémentaire méritent d'être davantage explicitées aux partenaires étrangers, mais reconnaît surtout que la sortie de crise passerait par des réformes plus profondes. Tout un programme au moment où les 150 milliards de dollars, prévus dans le plan quinquennal qui débute en janvier prochain, font saliver du monde. Si le gouvernement a révisé sa politique en matière d'investissements étrangers, s'il a encadré drastiquement les importations, il n'en demeure pas moins que des pratiques nuisibles à l'économie nationale persistent. “Les recettes des hydrocarbures ne doivent pas servir uniquement à importer des pastèques et des sardines”, dira M. Yousfi de la CGEOA. Les patrons n'ont pas tort de revendiquer une place plus importante des PME dans la stratégie de relance économique. Cependant, ils divergent sur les moyens pour y parvenir. Certains, à l'image de l'Unep, reconnaissent que les entreprises publiques connaissent toujours des difficultés financières, ont du mal à assurer actuellement le versement des salaires et ne savent pas comment faire face à de nouvelles augmentations de salaires. D'autres, à l'image de la Cipa, veulent leur part de gâteau. Le gouvernement, qui a volé au secours des entreprises publiques, devrait en faire autant pour le secteur public, au même titre que ce qu'il a fait pour le secteur agricole. Ils revendiquent des allégements de la pression fiscale.