Ceux qui ont tablé sur l'enterrement de l'ancienne colonie espagnole sont à présent contrariés par le respect suscité par la détermination d'Aminatou Haïder. Depuis le 14 novembre dernier, la présidente du Collectif sahraoui des défenseurs des droits de l'homme et ex-prisonnière politique sahraouie, a en effet remis les pendules à l'heure concernant l'occupation illégale du “territoire autonome” du Sahara occidental, par le Maroc, et la position ambiguë du gouvernement espagnol, qui a pourtant une responsabilité historique dans le calvaire vécu par les Sahraouis, depuis 1975. Alors qu'elle rentrait d'un voyage à l'étranger, en particulier des Etats-Unis, où elle avait reçu le “Prix du courage civil 2009” des mains des responsables de la Train Fondation, Mme Haïder a été arrêtée par les autorités marocaines, à l'aéroport de Laâyoune, avant d'être expulsée vers Lanzarote, aux îles Canaries (Espagne). Aminatou Haïdar, mère de 2 enfants, est née en 1967. Très jeune, elle a connu la prison et les tortures. En 2005, Mme Haïdar a de nouveau été arrêtée par les forces d'occupation et emprisonnée. Depuis sa libération, elle a été honorée de plusieurs prix internationaux (Prix Robert F. Kennedy 2008 des droits de l'homme, Prix Silver Rose (Autriche, 2007), Prix Juan Maria Bandres Human Rights (Espagne, 2006), Prix Andreï Sakharov pour les droits de l'homme...). Depuis plus de deux semaines, Mme Haider poursuit une grève de la faim. La “Gandhi du Sahara” tient tête au Maroc et à l'Espagne. Elle a même refusé l'offre de Madrid de lui octroyer la nationalité espagnole. Dernièrement, de nombreux artistes et comédiens dans le monde ont lancé une campagne internationale en faveur du retour de Mme Haïdar à Laâyoune occupée, la capitale du Sahara occidental. La star de la comédie française, Pierre Richard, ainsi que 150 eurodéputés, ont par ailleurs appelé Rabat et/ou Madrid à permettre à Mme Haïder de retourner parmi les siens dans son pays. “Si Aminatou Haïdar ferme les yeux, le gouvernement espagnol sera, avec le Maroc, son bourreau”, écrit l'acteur Javier Bardem, l'un de ses nombreux soutiens. Plus récemment, l'administration Obama s'est inquiétée publiquement de “la santé et du bien-être” de la militante sahraouie.