Les témoignages à propos du traitement réservé aux étudiants et résidents algériens en Egypte continuent d'affluer à la rédaction, révélant le caractère raciste d'une campagne anti-algérienne. Ainsi, le jeune Benamar Hadj Aïssa, originaire de Laghouat, finissant son magister en droit au Caire, a lui aussi comme ses camarades subi le calvaire à la suite des deux derniers matchs Algérie-Egypte. Il a rappelé d'emblée, qu'il y a environ 1 200 étudiants en droit essentiellement en postgraduation, et toutes disciplines confondues, qui poursuivent leurs études en Egypte. Et de poursuivre que la préférence avouée souvent par les Egyptiens pour les Orientaux sous-estimant de ce fait les Maghrébins en général, et ce, bien avant les derniers événements, a laissé place à la haine envers ces derniers. Benamar Hadj Aïssa nous racontera qu'après le premier match, l'hystérie collective des supporters et de la population en général sera accompagnée de violences contre la communauté algérienne, la chasse à l'Algérien venait de se déclarer. “Des agressions verbales “renguila au bec”, pointant du doigt les Algériens en public, des atteintes physiques allant jusqu'aux menaces de mort deviendront ainsi monnaie courante durant toute la période qui sépare les deux matches obligeant la communauté algérienne à se barricader chez elle, évitant les sorties après une certaine heure”, témoigne-t-il encore. Après la qualification de l'Algérie, Benamar ajoutera que “la communauté algérienne établie au Caire savait que c'en était fini pour elle, et il n'y avait qu'à plier bagage le plus tôt possible avant qu'elle ne soit prise en otage. Ainsi le quartier où résident les Algériens deviendra la cible de nombreux Egyptiens armés de barres de fer et de couteaux qui s'emparent de blocs criant “à mort les Algériens”, scandant des insultes de tout genre et attaquant tout Algérien qui se trouvait à l'extérieur. Une situation extrêmement tendue qui durera jusqu'au petit matin”. Se faisant passer dans la rue égyptienne pour un Tunisien, Hadj Aïssa réussit, dit-il, à se rendre au kiosque du quartier afin d'acheter son journal. “Le vendeur me connaissant bien depuis des années m'a conseillé vivement de quitter les lieux le plus tôt possible et de ne pas passer la nuit dans le quartier car, selon lui, quelquechose se préparait. Aucun policier en uniforme n'était présent sur les lieux”, fulmine Hadj Aïssa. Et d'ajouter : “Un cas seulement où la police a pu intervenir était celui d'une maison où vivait une famille algérienne, elle était encerclée par près de cinq cents personnes qui voulaient ainsi déloger les habitants et brûler la maison. La police était sur les lieux à la demande de l'ambassade ; elle a simplement procédé à la reconduite de la famille algérienne à l'aéroport afin que celle-ci quitte l'Egypte”. Hadj Aïssa a attendu, dit-il, quatre heures du matin avec ses camarades pour appeler un taxi afin de se rendre à l'aéroport. Arrivés à l'embarquement, Hadj Aïssa en compagnie d'un groupe algérien, dénoncera que “la Police des frontières égyptienne nous regardait de travers, ironisait sur des histoires obscènes avec ses collègues douaniers”. Le traitement de hogra et d'animosité des officiels égyptiens ne s'est pas arrêté là. Hadj Aïssa ajoutera également que, en plus de la maltraitance, “des Algériens se sont vu saisir leurs appareils photo et téléphones portables et tout ce qui avait un rapport avec la photo. Un autre jeune supporter qui s'apprêtait à rentrer au pays surpris avec une boîte de tabac à chiquer “chemma” a été immédiatement conduit au poste de police lui collant l'alibi de détention de stupéfiants”. En fait c'est un véritable cauchemar subi par la communauté algérienne en Egypte, qui n'est pas près d'oublier et qui espère trouver un écho auprès des autorités de leur pays et des instances de la FIFA qui, bizarrement, ont laissé passer sous silence le caillassage du bus du onze national, conclura Hadj Aïssa.