Une moyenne de 900 nouveaux cas de surdité profonde sont enregistrés chaque année chez les enfants en Algérie. Combien de sourds y a-t-il en Algérie ? A l'heure actuelle, aucune statistique officielle ne traduit la réalité du terrain. L'absence de dépistage ne permet pas d'évaluer l'impact de cette maladie, que ce soit chez l'enfant ou chez l'adulte. Quelques chiffres avancés par des officiels, il y a des années, ne reflètent que la partie visible de l'iceberg. D'ailleurs, les écoles spécialisées ne répondent plus à la demande, vu le nombre important de sourds enregistrés. Une moyenne de 900 nouveaux cas de surdité profonde sont enregistrés chaque année chez les enfants en Algérie, a indiqué jeudi, à Alger, le professeur en ORL Djennaoui, chef de service à l'hôpital Mustapha Bacha, lors du 8e Congrès de l'Association nationale des médecins en ORL (ANOL). Il a précisé, à ce propos, qu'une enquête, réalisée en 2002 sur un échantillon de 250 000 familles, a permis de recenser 75 600 handicapés auditifs sur les 726 112 handicapés enregistrés, tandis que le ministère de la Solidarité nationale indique que 70 000 cas de surdité profonde nécessitent une prise en charge de l'Etat. Le nombre de consultations enregistrées au service de l'hôpital Mustapha Bacha, uniquement pour l'année 2009, est de 40 345 dont 5028 interventions chirurgicales. La prise en charge demeure insuffisante, souligne le Pr Djennaoui, en raison d'un manque flagrant d'orthophonistes, d'audiométristes et d'audioprothésistes. Il ne manque pas de signaler l'absence de prévention et de soins primaires. Les causes de la surdité sont de différentes formes, a-t-il indiqué. De l'otite chronique évolutive à la surdité profonde, en passant par la surdité de perception dont « nous ne disposons d'aucune statistique », a-t-il déploré. Par contre, il signale que la sécurité sociale a remboursé, pour l'année 2009, 175 prothèses auditives pour enfants sur 12 000 prothèses vendues. La prise en charge de la surdité profonde a, selon lui, beaucoup évolué et l'on enregistre un impact positif. Depuis la mise en œuvre du plan national de lutte contre la surdité, 800 implants cochléaires ont été posés depuis 2003 à travers les différents centres de référence. Quant à l'évaluation, Le Pr Djennaoui trouve le bilan mitigé. Il préconise plutôt le renforcement des équipes de prise en charge, notamment la formation qui demeure insuffisante. La surdité profonde représente un tiers des cas, a indiqué le Pr Zemirli, chef de service ORL à l'hôpital de Beni Messous, ce qui entraîne un handicap et le ralentissement sur le langage et le psycho-affectif. Il signale que la cause la plus fréquente est la surdité de transmission (séromuqueuses), qui touche 50% des enfants et guérit spontanément dans la majorité des cas. Le vice-président de l'ANOL, le Dr Mohamed Tchikou, a rappelé que cette rencontre s'inscrit dans le cadre de la formation continue des médecins spécialistes en ORL, dont le nombre est estimé à mille praticiens, soulignant leur maîtrise et leur qualification dans ce domaine.