L'embuscade a eu lieu, lundi, en début de soirée, sur la route reliant Draâ El-Mizan à Boghni. Un accrochage s'en est suivi, mais les terroristes étaient plus nombreux. Nos reporters se sont rendus sur les lieux du massacre Un mois à peine après l'assassinat de deux citoyens dont le député Rabah Redjah, originaire de Maâtkas, dans un faux barrage non loin du Pont-Noir sur la route de Boghni (CW 128), un autre attentat meurtrier a été commis avant-hier sur la RN 30 reliant Draâ El-Mizan à Boghni. Bilan : trois gardes communaux et un civil tués. Six autres gardes communaux ont été blessés. 19h50. La circulation sur cet axe routier, connu pour être un “coupe-gorge”, commence à diminuer. Un camion de marque Sonacome appartenant à l'APC à bord duquel se trouvaient neuf gardes communaux, tous du détachement de Aïn Zaouïa, descendait cette route en pente à environ 1 km du chef-lieu en venant de Boghni vers Draâ El-Mizan. Personne ne s'attendait à ce qui allait se passer. Tout à coup, plusieurs coups de feu partirent des deux côtés de la route. Une grande détonation se fit aussi entendre. Le réservoir a explosé. Le conducteur, surpris par les balles, aurait perdu le contrôle du véhicule qui dérapa pour heurter le parapet d'un petit pont. D'autres tirs nourris arrivèrent de l'oued. Même si la riposte des hommes en bleu a été rapide, les positions occupées par le groupe, dont le nombre était indéterminé, les désavantageaient. L'accrochage a duré plus de dix minutes. Un citoyen de passage, à bord de son véhicule, a été lui aussi pris dans le guet-apens. Plusieurs balles ont touché sa voiture. Grièvement blessé, il rendit l'âme à l'hôpital de Boghni. On a relevé aussi six autres blessés gardés en observation dans le même hôpital. Parmi les gardes communaux tués, figurent le chef du groupe, en l'occurrence, H. C. (34 ans), et les deux autres répondant aux initiales M. F. (36 ans), célibataire, et H. R. (40 ans), père de huit enfants. Au lendemain de cette embuscade sanglante, la population de la région était consternée. “Même si d'autres actes ont été commis auparavant ici, celui-ci est le plus meurtrier”, nous explique un autre citoyen. Aujourd'hui, après cet énième attentat à l'actif de Hassan Hattab et de ses hommes, tout le monde s'accorde à dire que de larges complicités leur sont accordées. À Aïn Zaouïa, d'autres disent que le groupe qui active dans cette vaste contrée allant de Bouira jusqu'aux maquis de Sidi Ali Bounab, en passant par, Takhoukht, veut, vaille que vaille, se venger. Car, il faut rappeler que c'est à Aïn Zaouïa que l'“émir” Karim Hadj Ali a été abattu en mars 2002 avec deux de ses “lieutenants” dans une embuscade qui leur avait été tendue par les forces combinées. Donc, pourquoi Hattab tue-t-il encore en Kabylie ? Au moins, deux éléments de réponse peuvent être avancés. D'abord, il est à noter la baisse de vigilance due au désarmement des GLD suite à l'application de la concorde civile. Ensuite, faut-il le dire, la population kabyle ne collabore plus avec les services de sécurité, surtout après les évènements douloureux d'avril 2001. En clair, elle ne veut plus mourir pour Zerhouni et Bouteflika. F. I.