L'Allemagne a accueilli, de vendredi jusqu'à dimanche, les négociateurs pour le climat venus de 170 pays, avec comme objectif de recréer la confiance après la déception du sommet de Copenhague. Ils ont planché sur un calendrier de travail d'ici à la grande conférence de Cancun, au Mexique, qui se tiendra au mois de décembre et ont sondé les voies et moyens de transformer le modeste texte de Copenhague en traité, tout en s'interrogeant sur la meilleure manière de conduire les négociations à l'avenir. Il s'agirait aussi de “réévaluer la situation après Copenhague”, a déclaré le représentant du Lesotho, qui s'exprimait au nom des pays les moins avancés et qui a souhaité que l'objectif de réduction de la hausse de la température soit ramené à 1,5°C au lieu de 2°C. Mais il est aussi apparu clairement que les discussions sur le climat dans le seul cadre onusien ne suffiront pas. Aussi, une rencontre d'une cinquantaine de pays sous la coprésidence allemande et mexicaine est prévue du 2 au 4 mai à Bonn. Comme elle l'a fait en 2006 avant le sommet de Nairobi, la Suisse compte pour sa part organiser une réunion préparatoire du sommet de Cancun dans la seconde moitié de l'année. Plus près de nous encore, les 18 et 19 avril, c'est Washington qui accueille les 17 principales économies de la planète, à l'origine de la majorité des émissions polluantes, pour discuter du climat. Les responsables de ces pays, qui produisent 80% des émissions accusées d'être responsables du réchauffement climatique, n'ignorent pas que leur attitude est décisive et tenteront de trouver le moyen terme entre les efforts que leur commandent les dérèglements climatiques et les impératifs de leurs économies respectives. Après la déconvenue de Copenhague, qui a confirmé l'impossibilité de négocier efficacement dans le large cadre de l'ONU, le représentant des Etats-Unis s'était déclaré favorable à des discussions en petits comités, sans pour autant contourner l'Organisation des Nations unies, seule habilitée à donner un cachet universel officiel à des accords déjà négociés dans les moindres détails. On se rappellera que l'“accord” de Copenhague a été négocié à la dernière minute par une vingtaine de chefs d'Etat et reste évasif sur les moyens d'atteindre l'objectif de limitation à 2°C de réchauffement climatique. La plupart des délégations présentes n'ont fait qu'en prendre note. Les négociateurs espèrent que la Conférence de Cancun aboutira à un traité qui remplacera le protocole de Kyoto, seule disposition contraignante mais qui prendra fin en 2012. Les résultats de la réunion d'une cinquantaine de ministres de l'Environnement à Bonn au début du mois de mai, mais surtout ceux du conclave de Washington, seront sans doute déterminants dans le succès on l'échec du rendez-vous mexicain. À noter que la rencontre cruciale de Washington est venue à l'initiative de l'administration américaine. Tout se passe comme si le locataire de la Maison-Blanche veut reprendre l'initiative après avoir déçu les espoirs qu'il a suscités. Depuis son dur succès devant le Congrès pour faire adopter sa réforme de la couverture sanitaire, il se consacre plus volontiers aux dossiers internationaux et le succès commence à lui sourire. Après la ratification du traité Start 2 avec la Russie en matière de réduction du potentiel nucléaire des deux puissances, le sommet consacré à la sécurité nucléaire, qui s'ouvrira lundi à Washington, se présente sous de bons auspices puisque la Russie semble acquise au principe de nouvelles sanctions contre l'Iran et que la Chine n'est pas définitivement fermée à la question. Pour obtenir l'adhésion de l'empire du Milieu, Barack Obama dispose d'un atout important : il peut, en contrepartie, faire baisser la pression pour la réévaluation à la hausse, qui pèse sur la monnaie chinoise. Après la diplomatie nucléaire, le président américain met à l'honneur la diplomatie climatique. Sans préjuger des résultats de ses initiatives, Barack Obama donne l'impression de n'avoir réellement entamé son mandat que depuis quelques semaines. De bon augure ? Peut-être…