Complètement déboussolée après le succès de l'initiative anti-minarets, approuvée le 29 novembre par plus de 57% des votants, la classe politique suisse étudie toutes les pistes pour essayer de faire annuler ce scrutin scélérat. Faut-il saisir la Cour européenne des droits de l'homme, comme le souhaitent les Verts, soutenus par le Franco-Allemand Daniel Cohn-Bendit, un euro-parlementaire très présent dans l'hémicycle strasbourgeois ? Ou bien lancer une contre-initiative, comme le proposent les radicaux ? Deux plaintes ont déjà été déposées au Tribunal fédéral. L'avocat Antoine Boesch, soutenu par des clients de tous horizons et de toutes confessions, a, pour sa part, décidé de saisir la Cour européenne des droits de l'homme. Quant au Club helvétique, composé d'une vingtaine d'intellectuels, de juristes et de responsables politiques, il suggère de remplacer l'interdiction des minarets dans la Constitution par une "disposition sur la tolérance". Une nouvelle initiative, populaire ou parlementaire, serait la façon la plus démocratique d'y arriver, souligne Jörg Müller, avocat spécialisé en droit constitutionnel. En attendant, le débat bat son plein en Suisse mais aussi dans toute l'Europe. Gasmi Slaheddine, président de la Ligue musulmane du Tessin (Suisse), a lancé un appel aux quelque 400 000 musulmans de Suisse, afin de fonder un parti islamique : estimant que l'heure est venue pour cette communauté de défendre ses droits, les droits d'une minorité qui sont bafoués. Pour l'UDC, la droite populiste à l'origine du référendum, il s'agit par contre de capitaliser son succès, de battre le fer tant qu'il est chaud et tant qu'il y a un retour d'écoute de son initiative à l'échelle européenne. Sa prochaine bataille, a annoncé ce parti des chemises brunes, est celle de l'expulsion des criminels étrangers, sous-entendre les étrangers indésirables, les immigrés.