La mesure tant attendue par les nombreux sinistrés du séisme de 2003 n'a finalement touché que quelque 400 cas des deux wilayas, Alger et Boumerdès. La raison : seuls les commerçants propriétaires y ont droit, les locataires en sont exclus. Alors que l'UGCCA ne cesse de faire du matraquage autour du prêt de 100 millions destinés aux “commerçants sinistrés du séisme du 21 mai 2003”, des sources de la direction du commerce et de la direction de logement et d'équipement publics (Dlep) de Boumerdès nous ont révélé que seule une centaine de commerçants sinistrés sont concernés par le prêt bancaire de 100 millions de centimes prévu par le décret 09-02 du 03-01-2009. “Nous avons recensé 476 locaux classés rouge, mais seulement 99 locaux, dont 29,72% sont des propriétaires ; les autres, soit 377, sont tous des locataires”, nous a indiqué le directeur du commerce de la wilaya de Boumerdès qui précise que le décret prévoit d'accorder le prêt uniquement aux “propriétaires sinistrés”. Le directeur de la Dlep, M. Miloudi, affirme, lui aussi, que seuls les propriétaires des locaux sont concernés par le prêt bancaire et que les commerçants locataires en sont malheureusement exclus. Ainsi, la montagne a accouché d'une souris. Mais le prêt, selon M. Miloudi, est destiné aussi aux propriétaires des locaux des coopératives immobilières effondrés qui ne sont pas forcément des commerçants. “Grâce à ce prêt, nous allons booster les chantiers des coopératives immobilières, la plupart connaissant des problèmes de financement”, précisera-il. Ainsi, en tout et pour tout, moins de 400 personnes seulement sont touchées par ce décret, soit 300 à Boumerdès et une centaine dans la wilaya d'Alger. La grande majorité, soit près de 300 d'entre eux, sont de simples propriétaires de locaux, et seulement 25% des commerçants. On est loin, très loin des chiffres avancés par l'UGCCA de Boumerdès qui parle de 1 200 commerçants concernés par ce prêt uniquement pour la wilaya de Boumerdès. L'UGCCA est allée jusqu'à demander aux commerçants, y compris les locataires, de fournir un dossier de prêt. Les responsables de ce syndicat s'appuient sur une lettre datée du 27/04/2009 adressée par le Dlep aux chefs de daïra concernant la constitution des dossiers de prêts où il est mentionné “contrat de bail avec registre du commerce du locataire”. Interrogé, M. Miloudi est explicite : “Nous avons fait cette mention juste pour discerner les propriétaires des locataires.” Et d'ajouter : “Plusieurs réunions ont été tenues et les responsables de l'UGCAA ont été informés que seuls les commerçants propriétaires sont concernés.” Les responsables de l'UGCAA ont été même accusés par leurs camarades d'avoir sciemment entretenu le flou dans le but de tirer des dividendes et gonfler les chiffres de ses adhésions. D'autres reprochent aux responsables de l'UGCCA de Boumerdès d'avoir berné les commerçants sinistrés en leur donnant des informations vagues et incomplètes. “C'est fait exprès car, pour chaque dossier déposé, on exige du commerçant de verser 1 000 DA”, s'étonne Kermoune Noureddine, coordinateur de wilaya de la commission de préparation du congrès de l'UGCAA, qui a tenu à dénoncer publiquement la démarche de ses collègues. Par ailleurs, de nombreux commerçants ont été surpris par la décision de la wilaya et la direction du commerce qui ont chargé officiellement l'UGCAA de recueillir les dossiers de prêt au niveau de ses bureaux. “Depuis quand un syndicat fait-il le travail de l'administration?” s'interroge un commerçant sinistré de Boumerdès qui se demande comment un an après la promulgation du décret, aucune note n'est parvenue aux banques pour recevoir et valider les dossiers des “propriétaires sinistrés”.