Seize mois après la promulgation du décret 09-02 du 03-01-2009 qui accorde un prêt bancaire bonifié de 100 millions de centimes aux commerçants sinistrés, aucun des commerçants, ni même les propriétaires des locaux commerciaux visés en premier par ce décret n'ont touché encore un sou. Et pour cause, les dispositions d'application complémentaires prévues par cette loi n'ayant pas encore été annoncées, notamment la désignation des structures bancaires habilitées à accorder ces prêts aux concernés. En plus de ces lenteurs jugées incompréhensibles par les commerçants qui ont perdu leurs commerces et leurs locaux lors du séisme du 21 mai 2003, le décret prévoit d'accorder cet avantage que pour les propriétaires des locaux commerciaux qui se sont effondrés ou déclarés irrécupérables. Bien que l'UGCCA parle de plus de 1 200 commerçants, la direction du commerce de la wilaya et la Direction de logement et de l'équipement public (Dlep) de Boumerdès s'en tiennent aux dispositions du décret et parlent de 476 locaux recensés classés rouge, dont seulement 99 commerçants qui sont propriétaires. Les autres, soit 377 locaux, n'appartiennent pas à des commerçants mais à des personnes ayant loué leurs locaux à d'autres commerçants. Le directeur de la Dlep est catégorique : “Seules les propriétaires des locaux sont concernés par le prêt bancaire et les commerçants locataires en sont, malheureusement, exclus.” D'ailleurs, la Dlep compte utiliser ce prêt bancaire pour l'achèvement des travaux de la cité du 11-Décembre où des dizaines de locaux ont été effondrés et dont les propriétaires peinent à trouver des financements pour terminer leurs habitations. Ainsi, ce ne sont pas les commerçants qui ont été ciblés par ce décret mais les propriétaires des locaux commerciaux. Une nuance qui va pénaliser plus de 1 500 commerçants disséminés sur la wilaya d'Alger et Boumerdès que les pouvoirs publics s'étaient pourtant engagés à indemniser. À Boumerdès, les commerçants crient au hold-up et parlent, désormais, “du prêt détourné”, alors que les “chanceux” propriétaires des locaux se demandent à quand une banque pour accueillir leurs dossiers.