La décision d'octroyer un prêt bonifié de 100 millions de centimes, aux commerçants sinistrés de la wilaya de Boumerdès et d'Alger prévu par le décret exécutif paru au dernier Journal officiel, a été mal accueillie par la plupart des commerçants de la wilaya de Boumerdès et d'Alger. Et pour cause, le décret attendu depuis plus de quatre ans ne concerne que les propriétaires de locaux et non les centaines de commerçants qui ont perdu leurs commerces et qui n'ont cessé de réclamer d'être indemnisés. En effet, le décret prévoit “pour la reconstruction des locaux à usage commercial, industriel, ou artisanal situés dans la wilaya d'Alger et de Boumerdès détruits ou déclarés irrécupérables suite au séisme du 21 mai 2003, il est octroyé à leurs propriétaires sinistrés un prêt de 1 million de DA avec bonification du taux d'intérêt ne dépassant pas 2%”. Ainsi seule une infime catégorie de commerçants estimée à 20% seulement va bénéficier de ce taux d'intérêt bonifié, affirment la plupart des commerçants interrogés. “La grande partie des commerçants sinistrés sont des locataires et ce sont à ceux-là qu'il y a lieu d'accorder ces aides et non aux seuls propriétaires des locaux qui ne sont pas forcément des commerçants”, affirme M. Kermoum Noureddine responsable du bureau de l'UGCCA de Boudouaou. Notre interlocuteur illustre ses propos par le cas d'un commerçant locataire depuis plus de 25 ans d'un local situé dans un appartement à Boudouaou qui a tout perdu et qui est écarté de ce prêt pendant que le propriétaire du local qui n'est pas commerçant et qui a reçu des aides multiformes va bénéficier de ce prêt. “Où est l'intérêt de ce prêt”, s'interroge M. Kermoum. Les commerçants de Bordj Menaïel ont été déçus par le fait que leurs différentes réclamations pour corriger cette disposition n'ont pas été prises en considération et ils se sont demandés où étaient leurs élus de l'APN lorsque cette loi a été débattue. “Ce prêt n'est pas destiné aux commerçants sinistrés mais aux propriétaires des locaux sinistrés”, affirme un commerçant de Bordj Menaïel qui a perdu plus de 200 millions de matériel et de produits lors de la catastrophe du 21 mai 2003. La veuve d'un commerçant est révoltée par cette disposition. “Mon mari est décédé dans son local de la cité 11-Décembre de Boumerdès, la marchandise qui se trouvait dans ce local est partie en fumée et voilà qu'on accorde le prêt au propriétaire du local”, indique désappointée cette femme qui vit actuellement dans la misère dans un chalet au Figuier. D'autres commerçants sinistrés se sont demandés pourquoi on ne leur a pas accordé des aides. Pour rappel, le nombre de locaux commerciaux effondrés est estimé à 560 au niveau de la wilaya de Boumerdès et près de 350 établis au niveau de la wilaya d'Alger. Mais des centaines de locaux qui ont été partiellement endommagés, plus nombreux, et qui ont été classés orange 3, orange 4 ou vert 2 par les services du CTC sont écartés de ce dispositif. M. T.