Le producteur et réalisateur Bachir Derraïs monte au créneau après avoir eu des démêlés avec le ministère de la Culture et de l'Information au sujet de son film Dix millions de centimes, un film qui entre dans le cadre de l'Année de l'Algérie en France parmi sept autres et qui, dit-il “se trouve bloqué pour des raisons incroyables”. Bachir Derraïs, le producteur de L'autre Monde de Merzak Allouache et de Incha allah Dimanche, de Yamina Benguigui, n'arrive pas à finir le tournage de son premier film Dix millions de centimes, une coproduction de l'ENTV et du Commissariat de l'Année de l'Algérie en France alors qu'il ne lui reste que deux plans à prendre. Le film tourné à 89% en Algérie se trouve bloqué, dira Bachir Derraïs pour “des raisons incroyables”. Arrivé en Algérie avec une équipe technique et des comédiens pour finir son film avec des tournages prévus pour le 22 juillet, Bachir Derraïs se voit convoqué, le 23 juillet, au ministère de la Culture pour les motifs mentionnés sur la convocation concernant les films Les filles et les garçons d'Alger et Dix millions de centimes et signée par le directeur des Arts et des lettres M. Belalia. “J'ai passé toute la journée au ministère à être interrogé et réinterrogé, en fait, pour un autre film Les filles et les garçons d'Alger, dont je suis le producteur et dont le réalisateur se trouve être Charles Bernard, fils de l'actuel ambassadeur d'Algérie en France”, Bachir Derraïs expliquera que le blocage de son film reste étroitement lié à un film-documentaire de 13mn. “On me reproche d'avoir caché l'identité du réalisateur français, d'avoir caché ses liens parentaux avec le diplomate français en fonction à Alger. Ceci n'est pas mon travail, ils ont des services chargés de cela. Charles Bernard m'a présenté son projet, le sujet m'a plu, j'ai accepté de le produire, tout cela n'explique pas le blocage de mon propre film et encore moins une raison valable pour le prendre en otage. Surtout que le reportage Les filles et les garçons d'Alger est terminé et il y a même une copie remise au ministère de qui nous avons reçu des autorisations pour le tournage de ce reportage, on parle d'espionnage, c'est ridicule”. “J'ai déjà perdu beaucoup d'argent, car je suis à Alger depuis une semaine, avec du matériel loué en France, des comédiens et des techniciens à qui il faut remettre des chèques en fin de semaine. Cela m'a poussé à déposer plainte contre le ministère de la Culture”. Bachir Derraïs a une convention signée avec le ministère de l'Information et de la Culture datée du 10 juillet 2003 pour l'utilisation du matériel de tournage du Caaic, et c'est en allant récupérer ce matériel qu'il apprend qu'il y a eu un contre-ordre émanant de la tutelle pour bloquer le matériel jusqu'à nouvel ordre. “Le pire, c'est qu'au ministère on m'avait demandé de restituer la convention, chose que j'ai refusé catégoriquement”. Notre interlocuteur au ministère de l'Information et de la Culture nous confirme : “Effectivement, il y a une enquête sur le reportage tourné à Alger par Charles Bernard qui se trouve être un réalisateur étranger et que pour tourner un film en Algérie, il faut passer par le ministère des Affaires étrangères, chose qui n'a pas été faite. Quant au film Dix millions de centimes, il n'y a aucun blocage, le matériel en question de la Caaic est utilisé par un autre réalisateur, ce n'est qu'une question de jours, il y a même une convention signée entre le ministère et Bachir Derraïs pour l'utilisation gracieuse de ce matériel.” N. B.