Le prochain sommet Russie-Union européenne marquera le lancement d'une importante coopération sur la plate-forme du Partenariat pour la modernisation, qui pourrait mener à des projets conjoints dans plusieurs domaines, a déclaré Denis Daniilidis, un porte-parole de la délégation de l'UE à Moscou. "A l'ordre du jour du sommet figure notamment l'adhésion de la Russie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), le Partenariat pour la modernisation, l'abrogation des visas, les négociations pour un nouvel accord-cadre, ainsi que des sujets internationaux comme l'Iran, le changement climatique et la crise financière", a affirmé à Xinhua M. Daniilidis, à la veille du sommet UE-Russie prévu lundi et mardi prochain. Lors du dernier sommet Russie-UE en Suède, la Russie et l'UE avaient convenu d'établir un Partenariat pour la modernisation, qui pourrait aider Moscou à utiliser l'expérience européenne pour diversifier son économie et rattraper ses retards techniques, a expliqué le responsable européen. Les deux parties doivent présenter les progrès accomplis dans ce domaine au prochain sommet prévu lundi et mardi à Rostov-sur-le-Don, dans le sud-ouest de la Russie. Le sommet de Rostov-sur-le-Don est le premier sommet Russie-UE organisé sous le traité de Lisbonne. L'UE ne sera plus représentée par son pays membre qui en assume la présidence tournante, mais par le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, et deux nouvelles figures : le président du Conseil européen, Herman van Rompuy, et la haute représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères, Catherine Ashton, a noté le porte-parole. L'Union européenne est le premier partenaire commercial de la Russie, les pays de l'UE étant à l'origine de quelque 80% de tout l'investissement en Russie. Présentant à la presse ce premier sommet UE-Russie depuis l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Alexandre Grouchko a jugé qu'il était "l'heure de prendre des décisions politiques" et d'avancer sur la question des visas. Depuis de longues années, sans succès jusqu'ici, Moscou cherche à bénéficier du régime d'exemption de visas de l'UE. Les Vingt-Sept rechignent, mettant en avant la situation de guerre larvée dans le Caucase-Nord, ou la porosité des milliers de kilomètres de frontières russes avec ses voisins d'Asie centrale... Alexandre Grouchko a affirmé que Moscou avait répondu à ces inquiétudes, notamment en signant des accords bilatéraux sur le rapatriement des migrants clandestins. L'autre gros dossier sera celui du futur "Partenariat pour la modernisation", qualifié de "tournant" dans l'histoire de la relation UE-Russie par le Premier ministre Vladimir Poutine. Aujourd'hui, la baisse des cours du gaz et du pétrole pèse lourd pour la Russie, grand exportateur d'hydrocarbures qui firent sa richesse. Moscou voit de ce fait la nécessité de moderniser son économie, et s'est attachée à la mise au point de ce projet de partenariat qui lui permettrait d'obtenir un meilleur accès aux technologies européennes. De son côté, l'Europe attend de Moscou des réformes, notamment en matière de respect de l'Etat de droit, de libertés fondamentales ou de lutte contre la corruption. Mais la volonté de réformer du Kremlin est mise en doute par nombre d'observateurs. "Ce dont la Russie a besoin et ce qu'elle veut, c'est d'avoir le soutien économique qui permettrait à l'actuel système de gestion politique et économique de perdurer et à terme de survivre à cette crise", juge Sam Greene, analyste politique au Centre Carnegie de Moscou. Et d'estimer qu'"aucune des parties ne comprend bien ce que l'autre attend de la relation". Outre la crise financière et budgétaire, un autre dossier qui devrait être abordé est celui de la coopération énergétique, à l'heure de la volonté russe de prendre le contrôle des gazoducs ukrainiens. L'UE avait envisagé de mettre sur pied un consortium international pour gérer ce réseau, qui distribue une bonne partie du gaz russe à l'Europe. Mais aucune décision ne semble s'annoncer, alors qu'en parallèle, la Russie cherche à fusionner son monopole Gazprom avec la compagnie ukrainienne Naftogaz. Si ce projet aboutit, c'est tout le paysage énergétique de l'Europe qui risque d'en être changé.