La situation des handicapés a été jugée catastrophique par les représentants de la Fédération des associations des handicapés moteurs (FAHM), lors d'une conférence de presse animée, hier, au centre d'El Moudjahid, à Alger. Cette rencontre avait pour thème “L'intégration de la convention internationale des droits de l'enfant dans les politiques publiques : état des lieux”. Les membres de la fédération ont dressé un tableau noir quant à la réalité vécue par cette frange de la population, tout en soulignant que la prise en charge de cette dernière doit “aller au-delà de l'aspect financier”. La présidente de la fédération, El-Mamri Atika, a affirmé que le phénomène du handicap en Algérie est en constante évolution. Surtout que chaque année, 3 000 personnes sont victimes d'accidents de la circulation et deviennent infirmes. Selon l'Office national des statistiques (ONS), notre pays compte un million six cent mille handicapés. Pour sa part, Mme El-Mamri avance le chiffre de 3 millions, en se basant sur le taux fourni par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui atteste que dans chaque pays, 10% de la population sont des personnes à mobilité réduite. Les membres de la fédération affirment, à propos des textes de loi, que les handicapés jouissent de tous leurs droits. Mais quant à l'application de ces textes, c'est “la catastrophe, l'échec total”. La présidente de la fédération impute cet échec au manque cruel d'infrastructures spécialisées, du fait que leur nombre n'a pas augmenté depuis la décision de l'Etat, dans les années 80, d'annuler la prise en charge à l'étranger. À cela s'ajoute le manque de personnel qualifié pour la prise en charge et le nursing des personnes condamnées à être alitées. “Malheureusement, c'est un membre de la famille qui est mobilisé et doit s'improviser infirmier pour rester 24h/24.” Les enfants handicapés, qui sont les plus fragiles de toute cette population, ont été l'objet d'une étude faite par la fédération de janvier à septembre 2008 et qui a abouti à des résultats alarmants. L'étude a démontré que la plupart de ces petits se trouvent obligés de quitter l'école pour cause d'absence d'infrastructures et de matériels adéquats pour leur faciliter le déplacement et le suivi des cours. “Cette situation les contraint à passer à côté de leur vie et les empêche d'avoir une enfance normale.” Pour sa part, le vice-président de la fédération, Samir Madani, a reconnu que “le regard que portent les autres sur cette population n'est pas le seul qui doit changer, mais également celui du handicapé envers lui-même”. La fédération rappelle que l'Algérie a ratifié, le 12 mais 2009, la convention relative aux droits des personnes handicapées. C'est le 7e instrument des droits de l'Homme qui va contribuer de façon significative à remédier au profond désavantage social que connaissent les personnes handicapées et les enfants. Cette convention va favoriser la participation de cette population, sur la base de l'égalité des chances, dans tous les domaines de la vie civile, politique, économique, sociale et culturelle. Néanmoins, la loi n'est toujours pas appliquée.