Le ministère de la Santé, de la Population et de la réforme hospitalière est dans la zone de turbulence. En plus de la grippe porcine, une pandémie qui touche le pays, la grève illimitée des praticiens de la santé publique entamée hier, c'est au tour des médecins spécialistes de s'y mettre. Ils annoncent un débrayage ouvert à partir du 4 janvier prochain. Désormais, le début de la nouvelle année ne s'annonce pas de bon augure pour le département de Barkat. “La santé est le parent pauvre du système. Alors que les autres secteurs, à titre d'exemple celui de l'Education ainsi que celui de l'enseignement supérieur ont obtenu des engagements du gouvernement, la santé se retrouve à la case départ”, a déclaré, hier, le Dr Mohamed Yousfi, secrétaire général du syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP), lors d'une conférence de presse tenue au siège du syndicat. Il a précisé que cette décision a été prise à l'unanimité par les adhérents du syndicat, lors d'un conseil national extraordinaire qui a mandaté le bureau national pour la gestion du mouvement de protestation. À travers cette action, les praticiens interpellent le premier magistrat du pays pour intervenir afin de régler ce conflit. “Le ministre de la Santé a avoué son incapacité à régler ce conflit et a démontré ses limites à défendre un projet qu'il a élaboré avec notre syndicat. C'est pour cela que nous demandons au premier magistrat du pays d'intervenir”, a-t-il précisé. Selon le Dr Yousfi, les raisons de ce débrayage ouvert se résument essentiellement au rejet en bloc du statut particulier de la Fonction publique. À travers leur plateforme de revendication, les médecins spécialistes réclament l'application du statut particulier élaboré par la tutelle et les syndicats autonomes en 2008, le traitement du régime indemnitaire dans le cadre d'une commission mixte, la mise en place de la prime d'intéressement, la classification et la bonification des postes supérieurs (chef de service, chef d'unité) ainsi que l'octroi d'un quota de logements pour les médecins spécialistes du secteur de la santé publique. “Nous rejetons ce statut particulier qui a été vidé de son sens et dont les textes ont été détournés par le gouvernement. Nous exigeons l'application du statut qui a été élaboré par le ministère de la Santé ainsi que par les syndicats autonomes”, a-t-il affirmé. Ils demandent également l'effet rétroactif sur la mise en conformité de la prime d'intéressement revendiquée depuis 2004. Au sujet du logement, le syndicat réclame à la tutelle de négocier un quota de logements pour les praticiens de la santé publique, comme cela a été fait dans d'autres secteurs notamment celui de l'enseignement supérieur. Le SNPSSP appelle l'ensemble de ses adhérents au respect du mot d'ordre de la grève illimitée et ce, jusqu'à l'aboutissement de leurs revendications socioprofessionnelles. Il précise qu'en dehors des situations d'urgence médicalement établies, la grève ouverte des praticiens spécialistes touche toutes les activités de soins, de consultation et d'exploration (biologique et radiologique), la participation aux réunions des conseils médicaux ainsi que le boycott des séminaires et des réunions organisés par le ministère de la Santé. Exceptionnellement à la situation de crise sanitaire provoquée par la grippe pandémique que subit le pays, le SNPSSP informe les grévistes que le cadre du service minimum s'élargira à la participation aux soins de la grippe A ainsi que la campagne de vaccination contre le virus H1N1. “Au sujet de la grippe AH1N1 ainsi que la campagne de vaccination, nous signalons que cette activité doit se dérouler dans le respect strict de toutes les conditions établies de sécurité, notamment sanitaires pour le citoyen et médico-légales pour le praticien. Nous exigeons un équipement nécessaire en cas de complication dûe au vaccin”, conclut-il.