Les journées de la chanson aurasienne qu'organise l'association culturelle El-Maoud de Batna ont été inaugurées, avant-hier après-midi, dans une ambiance de fête. Les instruments de musique et spécialement les fûts de la batterie qui garnissait le devant de la scène, en disharmonie totale avec les flûtes et les passages furtifs des chanteurs aurasiens accompagnés du bendir et de la flûte, ont donné un autre aspect à la fête. Pis encore, le programme distribué à des dizaines d'exemplaires n'a pas été respecté dans sa totalité. À l'ouverture alors que les chanteurs Hakim Salhi et Asma Djermoun étaient attendus par le peu de public qui était présent dans la salle, ils ont été remplacés sans crier gare et sans aucune explication pour le public par la lecture d'un poème déclamé par une petite fille. Tout le monde semble affairé et personne n'a le temps pour vous éclairer. C'est la fête ! Certes, la chanson aurasienne renferme toutes les mélodies d'un accent qui diffère d'une région à une autre, comme nous a expliqué le chanteur Mohamed Ounissi, mais pas à ce point quand même. Le public était gratifié d'un spectacle qui n'égale pas la plus simple fête aurasienne. Rares sont les chanteurs qui se sont produits lors de cette soirée inaugurale et qui ont égalé ou valu par leurs voix les rossignols de la chanson aurasienne, Aïssa Djermouni, Chouay Brahim, Ali el-Khencheli, Mohamed Lawrassi et de Katchou, tous décédés. La plupart des chanteurs ont essuyé le public pendant la soirée bien des averses de fausses notes et des avalanches de voix calleuses et nasillardes. Si quelques noms de chanteurs aurasiens ont été évoqués et leurs chansons interprétées, beaucoup d'autres, malheureusement, qui avaient beaucoup servi la chanson aurasienne ont été oubliés, notamment Beggar Hadda, Chouay Brahim, Bouragâa, Mohamed Lawrassi et d'autres. Des oublis peut-être ! Parce que la chanson aurasienne ne se limite pas seulement aux frontières de la wilaya de Batna, mais beaucoup plus, presque à tout l'Est algérien : de l'Aurès Nemamcha jusqu'à Sétif, qui a des caractères identiques se trouvant dans la musique aurasienne. Cependant, grâce à l'initiative de l'association El-Maoud, nous avons pris acte de la situation qui n'est guère réjouissante que traverse la chanson aurasienne. Qui fera mieux pour sauver ce patrimoine immatériel de l'oubli ?