Rencontré lors de l'inauguration des Journées de la chanson aurasienne, organisées par l'association El-Maoud de Batna, l'artiste a bien voulu se prêter au jeu des questions réponses. Liberté : Beaucoup de personnes confondent entre la chanson chaouie et la chanson aurasienne. Pourriez-vous nous expliquer en quoi elles diffèrent et en quoi elles se ressemblent ? Mohamed Ounissi : La chanson aurasienne renferme tous les genres musicaux arabes et chaouis. Elle diffère seulement par l'accent de la voix, selon les régions des Aurès. Elle est très riche en mélodies. Elle est de quatre gammes mariées. La chanson aurasienne, elle, ne se limite pas aux frontières de la wilaya de Batna. On la trouve à Tébessa, à Nememcha, à Sétif, en passant par Oum El-Bouaghi, Khenchela, Biskra, Batna, Constantine et même Sedrata (Skikda)... Limitons-nous à l'essentiel… Commençons par les Aurès Nememcha, où l'on trouve différents types de sraouis, sraoui lem'ridji, sraoui sahel (facile), sraoui el-met'boua en allant au rakrouki. Ce genre de chant a été interprété par Beggar Hadda et Bouragaâ, qui a beaucoup excellé dans la chanson aurasienne, ainsi que Brahim Chouway (qui a chanté avec Mohamed Lawrassi de Batna) à Constantine. Ensuite, par Ali Khench'li et, avant lui, Tayeb Merrir de Khenchela, qui vit à Marseille, en France. Certes, le père de la chanson aurasienne était Aïssa Djermouni. En quoi ces chanteurs sont-ils différents ? Brahim Chouay, Mohamed Lawrassi et Katchou ont, de leur vivant, interprété la chanson aurasienne, mais chacun avec un accent spécifique à sa région. Mohamed Lawrassi prononçait aroubi (Arabe), parce qu'il était Sarhani (Srahna, une tribu arabe des Aurès), Katchou avec un accent chaoui, alors que Brahim Chouay avait un accent de la région du Constantinois. Quant à Bouragaâ, il a interprété ses chansons avec un accent issu des Nememcha, du type lemsarah (fluide). Si nous vous demandions d'évaluer la chanson… Ces dernières années, la chanson aurasienne a beaucoup régressé. Elle n'est pas aussi interprétée dans son t'baâ spécifique. La plupart des jeunes chanteurs ne l'interprètent pas correctement, parce que ses règles musicales reposent sur la puissance de la voix et la force du souffle de son interprète. Ils ne l'interprètent pas réellement, juste d'une manière qui ressemble à la chanson aurasienne. Même el-maouaouil sont faussement interprétés. Soit on interprète correctement, soit on laisse la chanson aurasienne tranquille sans la travestir ou la dénaturer. Pour chanter Aïn El-Kerma, il faut être un professionnel. Aïssa Djermouni, ce n'est pas du jeu. La chanson aurasienne est très riche en mélodies et elle est presque interprétée toute en quart de note.