Décidément, la mafia de la Marlboro a la peau dure et tente de profiter de la moindre occasion pour emprunter des voies détournées afin d'introduire sur le marché, sans le moindre frais ni la moindre taxe, des quantités énormes de cette marque de tabac à forte marge bénéficiaire. Hier encore, un conteneur renfermant plus de 40 000 cartouches de Marlboro a été découvert par les services des douanes du port d'Alger, qui semblent faire face à un véritable réseau organisé de trafic de la Marlboro et de produits prohibés ou surtaxés. Cette fois par contre, indique-t-on au port d'Alger, de fortes complicités internes ne seraient pas à écarter du fait de l'audace de ce pseudo-importateur qui a été jusqu'à introduire sa déclaration. Sauf que celui-ci procédera à une fausse déclaration puisqu'il indiquera dans son dossier de dédouanement que le conteneur renfermait des blousons en skaï. En fait, indique le chef d'inspection divisionnaire M. Reg Benamar, “l'importateur a cru bon d'engager sa déclaration en ces moments mêmes qu'il pensait propices à une manœuvre frauduleuse. Dans ses calculs malsains, il a dû tabler sur un soi-disant relâchement de vigilance de notre part, vu l'atmosphère qui a régné au lendemain de ce qui est convenu d'appeler l'affaire des batteries”. Cette piste de la complicité interne, étant donné l'assurance avec laquelle l'opération a eu lieu, se précise concrètement puisque ledit conteneur est arrivé le 8 juillet de ce mois. Ce qui laisse penser, souligne-t-on dans les milieux avisés du port, que beaucoup de fraudeurs tablaient sur le départ ou les mutations de certains cadres des douanes, pour ouvrir la voie à d'autres couloirs de la Marlboro et de marchandises prohibées. En effet, comment peut-on se risquer à importer un conteneur de Marlboro et oser même le déclarer ? Il est vrai qu'il s'agit d'un prête-nom, le registre étant établi sur une adresse à Gué-de-Constantine au nom d'une Eurl. Dans cette affaire, d'autres sources soulignent que le fameux scanner n'aurait rien vu. La découverte est intervenue lors de la visite engagée par les douaniers qui trouvèrent à l'intérieur du conteneur une pile de blousons dissimulant les cartouches de la Marlboro rangées soigneusement à l'arrière. Sans surprise, le chef d'inspection divisionnaire déclare que ses services étaient à l'affût puisqu'un “nombre de conteneurs étaient ciblés de longue date en dépit de l'obstination de la mafia de la Marlboro qui continue à nous narguer”. Et d'ajouter que la semaine dernière déjà, en plus des tracteurs dissimulés dans les conteneurs et introduits en pièces détachées, un autre conteneur de la Marlboro a été intercepté alors qu'il a fait l'objet d'un ordre de transfert vers un entrepôt public pour y être déclaré. Toutes les techniques semblent bonnes pour contourner la surveillance. Au-delà de cette saisie qui vient d'être à l'origine du déclenchement d'une enquête pour remonter la filière, on souligne que le réseau de la Marlboro, comme celui des pétards, bénéficie sans aucun doute de larges soutiens à l'intérieur même de l'institution. Sinon, comment expliquer la diversification des techniques et la collecte du renseignement par ces puissants fraudeurs ? “Forts du soutien de notre directeur général, nous avons contré toutes les tentatives de contrebande et de fausses déclarations. Dans les prochains jours, rien n'exclut qu'on aura encore à faire des découvertes sur des conteneurs actuellement pistés”, souligne Reg Benamar. Dans ce cas précis, il ne s'agit nullement de contrebande, mais de fausses déclarations consommées, que seuls des appuis internes peuvent rendre possibles. Cela est un autre débat, voire une autre déclaration … A. W.