Le marché du tabac en Algérie reste aux mains des réseaux maffieux. Dans le Grand Sud, des cargaisons importantes de cigarettes contrefaites sont saisies presque quotidiennement. Nonobstant ces saisies, les contrebandiers inondent le marché algérien. Pas la moindre pénurie pour les marques acheminées depuis les frontières libyennes, maliennes, mauritaniennes et maliennes. Chez les buralistes algériens, si les marques de cigarettes se sont multipliées cette dernière décennie, les contrefaites sont nombreuses et constituent un vrai danger de santé publique, alertent les responsables. Pour les fumeurs algériens, même les grandes marques commercialisées dans le marché local restent différentes des autres qu'on trouve par exemple dans le marché européen. «Des Marlboro ou des Gauloises du marché algérien sont tout à fait différentes de leurs similaires européens. C'est un fait. Le goût des Marlboro du marché local est le plus corsé, fort de celles européennes», précisent les fumeurs oranais. En effet, dans le marché local, des Marlboro de contrebande sont plus chères que celles vendues localement ! De son côté, le responsable de sécurité pour la région du Moyen-Orient auprès du groupe Impérial Tobacco, Franck Escouvois, a déclaré que «des quantités importantes de cigarettes contrefaites sont commercialisées sous diverses marques sur le marché algérien». D'après les chiffres officiels, la quantité du tabac contrefait saisi par les différents services de contrôle de l'Etat a atteint quelque 230.000 cartouches de cigarettes dont 105.000 ont été saisies par les services des Douanes et ce, durant les dix premiers mois de l'année 2009, a fait savoir hier le directeur central des renseignements de la DGD, Medjebar Bouanem. Ces cigarettes proviennent notamment de Chine, de Mauritanie, du Niger et de quelques pays européens, a-t-il précisé, ajoutant que celles importées frauduleusement par les contrebandiers sont généralement contrefaites. Pour remédier à la contrebande des cigarettes, la Direction générale des Douanes (DGD) et le Groupe Impérial Tobacco ont signé hier un protocole d'accord portant sur le renforcement de la coopération en matière de lutte contre la contrefaçon et le commerce illicite des produits de ce producteur international de tabac. Le document de cette réunion a été paraphé par la sous-directrice chargée de la lutte contre la contrefaçon au niveau de la DGD, Mme Fadila Ghodbane, et le responsable de la sécurité pour la région du Moyen-Orient auprès de ce groupe, Franck Escouvois. Il faut savoir que c'est le troisième accord du genre conclu entre l'administration douanière et les propriétaires de marques de tabac, après ceux signés en 2007 avec British AmericanTobacco et Philip Morris international management, rappelle-t-on. Impérial Tobacco (siège au Royaume-Uni), commercialise en Algérie deux marques de cigarettes, selon M. Escouvois. Selon les clauses de cet accord, les Douanes algériennes s'engagent à assurer la surveillance des points d'entrée selon la procédure «alerte produits contrefaits» pour mettre fin à ces produits très néfastes pour la santé. Afin de rendre obligatoire le contrôle de ces produits, la DGD a demandé à Imperial Tobacco de formuler une «demande d'intervention» pour permettre aux services douaniers de procéder à la reconnaissance des produits authentiques de ceux contrefaits. A cet effet, l'accord prévoit également la formation de douaniers qui leur permet d'assurer la protection intellectuelle des marques concernées. A ce sujet, Medjebar Bouanem a souligné que l'accord conclu avec Imperial Tobacco, portant sur une «coopération opérationnelle» entre les deux parties, va aider les services des Douanes à se renseigner sur la provenance des cigarettes contrefaites et sur les expéditions à risque.