Le partenariat de la Snta avec les Emiratis a freiné le phénomène. Mais la contrebande continue à inonder le marché : 100 millions de paquets de cigarettes de marque Legend sont introduits sur le marché algérien annuellement. “Pour les cigarettes, le problème est réglé ou en voie d'être considérablement réduit, grâce à une réponse économique, au lieu d'un dispositif répressif”, répond en subtsance M. Chakour Ahmed, président du directoire de la Société nationale des tabacs et allumettes (Snta). La contrefaçon de cigarettes étrangères a reçu un très sérieux coup avec la création de la Staem, la société des tabacs algéro-émiratie, à capitaux Snta à concurrence de 49% et Emiratis privés pour le reste, fabriquant et commercialisant des cigarettes étrangères à des prix raisonnables proches de ceux des tabacs algériens. Un défi à la concurrence importée ou à la contrefaçon, qui de temps en temps arrive cependant à écouler une petite livraison de Marlboro, contrefaites en Afrique noire, à 50 DA pendant le dernier mois de Ramadhan. Sinon, comme pour les Marlboro ou LM légères, des tentatives de spéculation en créant des pénuries artificielles ou anticipant de 10 DA en plus de supposées hausses de prix d'origine budgétaire. Pour les mêmes marques, importées en valises, donc en petites quantités, la concurrence porte sur une supposée différence de qualité, mais à un prix prohibitif, deux à trois celui des marques produites sous licence. Pour la Rym locale, la demande est satisfaite avec la mise en service de trois équipements obsolètes tournant à plein régime, en attendant les gros investissements prévus pour remplacer ces équipements par d'autres plus performants, et plus productifs. Cependant, dans la jointure, soit dans la période temps mise pour arrêter ces anciens équipements, sans parler de leurs pannes et périodes de maintenance, et la mise en service des nouveaux équipements, spéculation et probablement contrefaçon pointeront de nouveau le nez. Pour les grandes marques étrangères, la Staem règle donc le problème en les fournissant à des prix raisonnables et a commencé à mettre en production une unité à Koléa produisant 300 millions de paquets de Marlboro, LM., d'autres marques américaines et des cigarettes françaises, un rythme qui devrait être porté à 500 millions après quelques mois. Enfin, beaucoup de sociétés étrangères ont signé des conventions avec la direction des Douanes algériennes pour repérer toute contrefaçon et lutter contre avec la meilleure efficacité. Et toutes ces formules combinées ont prouvé leur pertinence, réduisant ainsi tout risque de contrefaçon, en dépit de quelques camions, de plus en plus rares pour un marché décidément moins porteur, qui arrivent à passer entre les mailles des filets douaniers. Une menace, cependant, qui comporte encore quelques capacités de nuisance et pas des moindres, une mystérieuse marque soi-disant américaine American Legend, qui n'a d'américain que le nom, créée et produite en Grèce, mais interdite de vente dans ce pays-là, théoriquement exportable dans les pays balkaniques mais dont 100 millions de paquets arrivent en Algérie annuellement. Là, ce n'est pas de la contrefaçon, mais tout simplement de la contrebande et, à la limite, de la vente de produits dangereux pour la santé. Personne ne sait au juste de quel tabac elles sont constituées. Pour ce qui est du tabac à chiquer, la chemma, pas de contrefaçon de provenance étrangère : le problème étant plus localisé. La matière première est locale, et la Snta avait pour habitude d'acheter cette matière première chez les agriculteurs pour la transformer et la revendre aux consommateurs. Généralement, toute la récolte y passait. Depuis quelque temps, cependant, des exploitants privés se sont pointés sur le marché en achetant cette matière première, plus cher qu'au prix offert par la Snta, lui raflant donc une bonne partie de son approvisionnement. La taxation des tabacs étant très forte et la Snta ne pouvant s'y soustraire, les exploitants privés concurrençant celle-ci, peu soucieux de payer leurs impôts et accises (taxes fixes sur les tabacs) ont alors beau jeu pour offrir de meilleurs prix aux agriculteurs. De ce fait, la Snta s'est trouvée parfois contrainte à importer cette matière première.