Un praticien sur cinq a accepté de se faire vacciner contre le virus H1N1, hier, au lancement de la campagne, à l'hôpital de Béni-Messous, à Alger. Le coup d'envoi de la campagne de vaccination contre la grippe A/H1N1, lancé par Saïd Barkat, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, sous les projecteurs des médias, n'a pas convaincu tout le monde. Du moins pas la majorité des personnels de la santé, premiers concernés par cette opération. Selon la tutelle, l'effectif global de la santé est estimé à près de 300 000 personnes (public, parapublic et privé) qui devraient être vaccinées avant le 6 janvier. L'hôpital référentiel de Béni-Messous, à Alger, a lancé, hier, la campagne de vaccination contre le virus H1N1 pour le personnel de la santé. L'opération n'a pas connu un grand succès. Seule une petite poignée de personnes s'est présentée au service de l'épidémiologie de l'hôpital pour recevoir l'injection de la dose de l'Arepanrix (le vaccin fabriqué par GSK). Le professeur Soukhal, chef du service de l'épidémiologie de l'hôpital de Béni-Messous, a voulu donner l'exemple en inaugurant le premier flacon du vaccin contre la grippe A. “Il ne faut pas se tromper de cible, le problème réside dans le virus H1N1, non dans son vaccin. L'Arepanrix, le vaccin utilisé en Algérie contre le virus pandémique, est efficace. Il est reconnu par l'Organisation mondiale de la santé, homologué par les autorités sanitaires canadiennes et validé par le Laboratoire national de contrôle des produits pharmaceutiques”, a-t-il déclaré, en soulignant l'importance de cet acte pour se protéger contre une éventuelle contamination. Tout comme lui, d'autres professeurs et médecins paramédicaux se sont rapprochés de ce service pour se faire vacciner. “Nous sommes en contact direct avec le virus H1N1 et nous n'avons pas d'autre solution à part de se faire vacciner”, a estimé M. Ferhat, infirmier au service des urgences de l'hôpital de Béni-Messous. Même si ces personnes semblent être enthousiastes pour la vaccination, cela n'est pas le cas pour tout le monde. Car seule une personne sur cinq a affirmé vouloir se faire vacciner. “Non, je ne me ferai pas vacciner. J'attends les arguments scientifiques des pasteuriens qui justifieraient une telle vaccination de masse sachant que le virus est appelé à muter”, a répondu d'emblée le Dr Amina Bounab, résidente en pédiatrie. Enceinte de cinq mois, elle précise que pour son cas, c'est un non catégorique. “De par le monde, les femmes enceintes et les enfants ont été vaccinés avec des doses sans adjuvant. Chez nous, on nous recommande de subir cet acte même avec des vaccins avec adjuvant”, explique-t-elle. Si les avis sont mitigés à l'hôpital Béni-Messous, le vaccin contre la grippe A ne fait pas des émules au secteur sanitaire Bachir-Mentouri de Kouba. La plupart des professeurs, maîtres-assistants, résidents, paramédicaux, ne sont pas favorables à la vaccination. Ils estiment qu'il ne faut vacciner que la population à risque ainsi que les individus qui présentent des pathologies chroniques. “À retenir que cette maladie n'est pas très grave, sauf pour une catégorie de personnes à risque et qui présentent des pathologies associées. Concernant la femme enceinte et les enfants, il est recommandé de les vacciner sans adjuvant”, a déclaré le professeur Toudji, chef de service de réanimation de l'hôpital de Kouba. Il a signalé également que ce service reçoit chaque hiver près de 20 personnes qui présentent des détresses pulmonaires liées aux complications dues à la grippe saisonnière. À ce rythme, on sera loin des estimations du département de Barkat pour la première phase de cette campagne qui doit s'achever avant le 6 janvier. Car, à partir de cette date, ce sera le tour des femmes enceintes dont le nombre est estimé à près de 850 000.