Seulement 85 000 personnes ont été formées jusque-là sur un total de plus de 600 000 concernées. La mise en application du Nouveau système comptable et financier (NSCF), qui entre en vigueur à compter du mois en cours, risque d'engendrer des perturbations sur la scène économique nationale. Une écrasante majorité d'entreprises et de commerçants ne sont pas encore préparés à cette nouvelle donne. Sur quelque 600 000 personnes, entre dirigeants et comptables d'entreprise, il n'a été formé jusque-là que 85 000. C'est dire le retard flagrant qu'accusent les autorités concernées pour la mise en œuvre de ce nouveau système. L'optimisme des responsables en charge de ce dossier cache mal, cependant, la réalité du terrain, à savoir la difficulté à concrétiser un tel projet, d'autant plus que les normes universelles que contient ce système sont d'ores et déjà applicables. Par quelle “gymnastique” feront-ils admettre le bien-fondé d'une telle démarche à plus d'un million de commerçants recensés sur le territoire national ? Ils n'ont devant eux qu'une année pour réorienter les personnes morales et physiques exerçant sur le marché national vers les standards internationaux de comptabilité. 2010 sera donc l'année d'apprentissage durant laquelle il est projeté de former entre 60% et 70% des personnels ciblés. Ce ne sera nullement une mission de tout repos pour les formateurs. La démarche hâtive suivie par les pouvoirs publics pour mettre en place à tout prix ce nouveau système créera des chamboulements dans les activités des sociétés et celles des professionnels. Preuve en est : à l'université, on continue de former les étudiants selon l'ancien Plan comptable national de 1975. Au lieu d'assurer à ces jeunes des modules fondés sur les dispositions du système comptable et financier répondant aux normes universelles IAS (normes internationales comptables) et IFRS (normes internationales d'information financières), les instituts continuent de former… à l'ancienne. Une fois diplômés et confrontés au marché du travail, les étudiants seront dans l'obligation de subir de nouveau un recyclage qui ne leur fera que perdre du temps à eux et aux entreprises. Pour rappel, après la publication de la loi 07-11 et du décret exécutif 08-156, ce texte introduit les nouvelles règles de comptabilisation et d'évaluation, le contenu et la présentation des états financiers ainsi que la nomenclature et les règles de fonctionnement des comptes. Il est utile de rappeler que les entreprises algériennes soumises à ce nouveau référentiel doivent l'adopter à compter du 1er janvier 2010. Le nouveau système, faut-il l'expliquer, touche toutes les entreprises qui ont une activité économique régulière, les sociétés, les groupes, qu'ils soient formels ou directs, informels ou indirects et, enfin, les petites entreprises. Concernant les petites entreprises, le NSCF prévoit un système simplifié proche d'une comptabilité de caisse. Les entreprises en cause sont celles dont le chiffre d'affaires (CA) et l'effectif ne dépassent pas, durant deux exercices successifs, un des seuils énumérés par l'arrêté. Ces derniers sont déterminés selon l'activité économique. Ainsi, s'il s'agit d'une activité commerciale, pour le CA, le seuil est de 10 millions de dinars et les effectifs limités à 9 salariés à temps plein. Pour une activité de production et artisanale, le seuil est de 3 millions de dinars pour le CA et de 9 salariés à temps plein pour les effectifs. Enfin, pour l'activité de prestations de services et autres, le CA est limité à 3 millions de dinars et les effectifs à 9 salariés à temps plein. Par ailleurs, le nouveau système exige des informations financières lisibles pour les utilisateurs, utiles, permanentes, fiables et comparables avec les données des autres entreprises du même secteur. Les informations sur la performance et la comptabilité de l'entreprise sont, souligne-t-on, utiles pour plusieurs acteurs économiques, notamment les investisseurs actuels ou potentiels intéressés par la reprise de l'entreprise ou par une prise de participation de ses actions, les partenaires de l'entreprise (fournisseurs et clients) et les créditeurs, notamment les banques et autres institutions financières qui sont très regardants sur la solvabilité de l'entreprise. Selon les intervenants, qui ont animé hier une conférence au forum d'El Moudjahid, un comité de suivi a été installé au ministère des Finances. Il est composé de 4 sous-comités chargés respectivement de la formation, du basculement et de l'informatique, la fiscalité et l'information.