L'euphorie de la qualification au Mondial n'aura été que de courte durée. Même si Rabah Saâdane a raison lorsqu'il avoue que la CAN arrive au mauvais moment, c'est-à-dire à un mois du match d'Oum Dourman, il omet de mentionner que cela est valable pour toutes les équipes devant prendre part à la CAN. Le choix du lieu du stage a été fortement critiqué, parce qu'il ne correspondait nullement aux conditions climatiques de l'Angola. Le sud de la France arrangeait surtout les joueurs évoluant en Europe et qui sont en pleines négociations en prévision du mercato. C'était la plus grande bourde de ceux qui ont opté pour ce lieu de regroupement. Non seulement les conditions climatiques ne s'y prêtent pas, mais surtout en raison de l'absence de concentration des joueurs, beaucoup plus occupés à négocier leurs transferts que de préparer la CAN. Et ils sont nombreux les joueurs à avoir fait le déplacement dans le sud de la France, tout en ayant l'esprit ailleurs. Le succès de l'équipe nationale a attiré une foule de sponsors qui voulaient associer leur image à celle d'une équipe qui gagne. C'est tout à fait légitime, mais l'opération s'est déroulée dans une totale anarchie, laissant le champ libre à moult interprétations. Des joueurs ont décidé de passer outre le contrat signé par la FAF et n'entendent pas faire machine arrière. Ils dénoncent le nouveau règlement intérieur qui soumet tout contrat de sponsoring à un accord préalable de la FAF. Les joueurs oublient que ces contrats mirobolants ont été rendus possibles grâce à l'équipe nationale et rien d'autre. Mais est-ce le moment de débattre de ces questions ? Est-ce une façon de bien préparer la CAN et la Coupe du monde ? Saâdane n'aime pas qu'on le critique et brandit l'éternelle menace de démission. Est-ce une solution ? Est-ce une façon de préparer une compétition internationale que de s'avouer vaincus bien avant le départ de la compétition ? Saâdane et Raouraoua avaient ouvert la voie aux joueurs, en consultant systématiquement les cadres de l'équipe sur tout ce qui concerne l'équipe. Que ce soit la convocation de nouveaux joueurs, ou même pour le choix de l'équipementier, ou encore pour la venue de Mahdi Lacen. Mais le ton a changé subitement après la qualification au Mondial et les sorties de Raouraoua et de Saâdane ont changé leur fusil d'épaule pour interdire aux joueurs de donner leurs avis. La tension est palpable, tellement palpable que l'on n'écarte plus la possibilité d'exclure deux joueurs cadres de l'équipe soupçonnés d'être derrière les fuites organisées dans les médias. Saâdane, qui avait reconnu un déficit en matière de communication et un besoin pressant pour un attaché de presse, n'a jamais mis de limites au travail de la presse et aux déclarations des joueurs. Qu'est-ce qui l'a poussé à changer d'attitude ? Saâdane crie au complot dès qu'une voix discordante s'exprime. Le temps de l'unanimisme est révolu et les choix d'un entraîneur, aussi judicieux soient-ils, sont discutables. Au lieu de mettre les choses à plat avec les joueurs, on choisit de régler des comptes, de proférer des menaces, par presse interposée. À quelques jours du début de la CAN, tout ce déballage médiatique n'augure rien de bon.