Même si le sujet de la conférence d'hier, en l'occurrence “les défis sécuritaires de la région du Golfe”, paraissait, de prime abord, inapproprié, l'ombre de “notre” identité arabe a tout de même plané sur la rencontre. Tout au long des 90 minutes qu'ont duré les débats organisés par le centre Echaâb des études stratégiques au siège du journal, le flou était total autour de l'aspect sécuritaire. Que ce soit le conférencier, le professeur des relations internationales à l'université de Californie, Hamoud Salhi, ou les autres intervenants, le principal angle de la conférence a été superficiellement abordé. Des défis sécuritaires touchant les pays du golfe, les débats ont “viré” vers l'urgence de préserver l'identité arabe. Cette dernière serait ainsi menacée par les Perses et les Asiatiques. Les premiers ont été catalogués par certains intervenants, comme “la principale menace sur les pays arabes”. Les défenseurs de cette thèse (dont un certain Belhai, chef d'un des nombreux partis microscopiques créés dans les années 1990) ont brandi la fantomatique arme nucléaire de l'Iran qui est, selon eux, “beaucoup plus dangereuse que celle d'Israël”. Pour les asiatiques, ce serait carrément eux qui feront oublier la langue arabe à la population des pays du Golfe, comme l'a affirmé Hadda Hezam, la directrice du quotidien arabophone El-Fedjr. “J'ai visité plusieurs pays du Golfe et j'ai remarqué que dans les rues on ne parlait plus l'arabe, mais l'anglais.” Elle expliquera que c'est à cause du grand nombre des nourrices asiatiques dans les foyers. “Elles parlent avec les enfants en anglais et il faut s'attendre ainsi à ce que l'arabe disparaisse totalement là-bas.” Une intervention qui a fait réagir un représentant de l'ambassade de l'Arabie Saoudite, présent parmi l'assistance. “Il faut donner une vraie image de la réalité”, dira-t-il avant de répéter : “nous parlons en arabe et personne ne peut le nier.” Même si elle n'appartient pas à la sphère des pays du Golfe, l'Egypte s'est tout de même invitée. C'est l'ex-ministre des années 1980, Abderahmane Belayat, qui est revenu sur les attaques émanant du pays des Pharaons. Ce membre de la vieille garde FLN a surtout déploré les atteintes contre l'“arabité” de l'Algérie. En soulevant le caractère arabe, Belayat est venu encore une fois montrer qu'au-delà de l'aspect footballistique, ce qui s'est passé dernièrement avec l'Egypte doit être une “locomotive” pour éliminer toutes les ambiguïtés autour de l'identité algérienne. Effleurer un tel débat sans aller plus loin, c'est ce qui a été fait jusqu'à maintenant et ce n'est qu'une fuite en avant.