Le dépistage gratuit du cancer du sein, mesure annoncée comme imminente, il y a plus de deux mois, par le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, vient de se concrétiser en ce début de janvier 2010 dans quatre centres régionaux de radiothérapie (Maghnia, Constantine, Jijel et Laghouat) et le centre payeur de la Caisse de sécurité sociale (Cnas) du port d'Alger. Cette structure a déjà convoqué une soixantaine de femmes pour subir une mammographie préventive du cancer du sein. Le directeur général de la Cnas, M. Berrabah, qui a officié au démarrage de l'opération à Alger, a indiqué qu'une équipe pluridisciplinaire est chargée d'accueillir les femmes, de leur expliquer l'intérêt d'un tel acte et de les orienter, si le résultat de l'examen s'avère positif, vers une structure spécialisée pour prise en charge thérapeutique. Les centres de dépistage ont été dotés de moyens humains, mais également d'équipements (scanner, IRM…). Il n'en demeure pas moins que la Caisse nationale de sécurité sociale, qui n'emploie que onze radiologues, se heurte à un déficit en ces spécialistes. Le ministre de tutelle a promis de trouver une solution à ce problème en sollicitant l'aide de son collègue de l'Enseignement supérieur. Le directeur général de la caisse a affirmé, par ailleurs, que quelque 30 000 Algériennes, assurées sociales et âgées de plus de 40 ans, seront convoquées progressivement, selon un planning préétabli. Le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh a informé que “ce chiffre a été enregistré le 2 janvier 2010 grâce à un logiciel sophistiqué mis en place à Alger (…) Nous avons entamé l'installation de ce logiciel depuis le début de l'année 2009. Aujourd'hui, il est opérationnel et il nous permet de connaître le nombre exact de femmes âgées de plus de 40 ans”, et donc ciblées par la procédure. Il est vrai que le cancer du sein affecte particulièrement les quadragénaires et plus âgées, sans épargner totalement des femmes plus jeunes. En Algérie, la prévalence de ce mal est évalué à 50 femmes pour 100 000. Ce qui équivaut à quelque 7 000 nouveaux cas par an. Le nombre de décès est malheureusement assez élevé. Il est estimé environ à 3 500 cas mortels par an. La cause étant la découverte tardive du cancer, déjà au stade de métastase. Les spécialistes en oncologie plaident, depuis longtemps, pour un programme national de dépistage précoce, afin de limiter les dégâts et surtout assurer une plus grande survie des femmes atteintes. Le diagnostic précoce du cancer du sein permet, dans quasiment 90% des cas, la guérison. En toute vraisemblance, les appels des professionnels de la santé ont été entendus par les autorités. D'autant qu'elles ont pris conscience de la lourde facture payée au cancer du sein en vies humaines et aussi en charges financières. “Le cancer du sein métastasé coûte à l'Etat 6 millions de dinars pour une seule malade alors que la prise en charge du cancer au premier stade est estimée à 300 000 DA. Le coût de l'opération de l'ablation du sein dans des cliniques privées oscille entre 30 000 et 48 000 DA tandis que les coûts des séances de chimiothérapie s'élèvent à 65 000 DA”, a révélé le directeur général de la Cnas. Selon les observations des experts, la moyenne d'âge des femmes atteintes de ce cancer est de 45 ans, dont 70% des cas sont de rhésus O+ qui est un récepteur hormonal de la maladie. 80% des cas nécessitent une intervention chirurgicale tandis que 20% des cas (soit 1/5) sont à un stade avancé, estime-t-on.