Avec cinq cent-huit affaires traitées en 2009, les tuniques grises relevant de la division des douanes de Maghnia passent à un cap supérieur dans la lutte contre les gros bonnets de cette zone autrefois réputée pour être la plaque tournante de tous genres de trafic. Les sentinelles de la bande frontalière algéro-marocaine gagnent au jour le jour une bataille et marquent des points contre les narcotrafiquants marocains et les halabas qui vivent de la contrebande et du crime. Et si le divisionnaire des douanes de Maghnia, Karim Mensous, affiche un optimisme mesuré quant aux résultats de cette lutte, il est clair que les gros bonnets basés des deux côtés de cette sensible frontière s'organisent et impliquent les populations y résidant pour fausser le schéma, semer la diversion pour porter atteinte sérieusement à l'économie natio-nale. En effet, le bilan de la division des douanes de Maghnia se veut une belle moisson pour l'année 2009 et les dignes missionnaires de l'institution de Mohamed Abdou Bouderbala veillent au grain et déclarent une guerre sans merci dans une région où les protégés et les protecteurs sont mis en cause dans ces affaires élucidées. La valeur des marchandes dépasse de loin les deux milliards de dinars. Un record quand on sait les conditions et le terrain dans lesquels évoluent et opèrent les tuniques grises. Avec 95 millions de dinars de marchandises, 94 millions de dinars de valeur des véhicules et 1,8 milliard de dinars d'amendes infligées aux contrebandiers, les douaniers ont enregistré des saisies importantes. À commencer par le kif traité avec 282 kg, 1 983 bouteilles de liqueurs et vins frelatés, 7 000 cartouches de cigarettes, toutes marques confondues, dont notamment la marque espagnole Fortina, de la monnaie marocaine, du cheptel et 19 000 articles vestimentaires pour hommes et femmes. Mais il y a aussi les produits alimentaires avec une saisie de 80 000 unités, tous articles confondus. En ce sens, nous révèle le divisionnaire Mensous, plus de 27 tonnes de produits agroalimentaires ont été interceptées par ses éléments déployés de jour comme de nuit dans les points de contrôle, les opérations, les perquisitions et les barrages mixtes avec la Gendarmerie nationale sur les axes routiers où sévissent les malfaiteurs tant marocains que leurs complices nationaux. Pis encore, les douaniers de Maghnia, plus que jamais déterminés à fermer les vannes aux halabas qui vendent pour une miette de pain nos carburants à Oujda, ont saisi 200 000 litres, dont 197 000 litres de gasoil et plus de 2 470 litres d'essence. C'est que l'offensive donnée contre les poches des halabas tant au niveau de la ville que sur les routes ont porté leurs fruits. Mais les trafiquants de carburants récidivent et recourent à des procédés insolites. “Parfois, il nous arrive de mettre la main sur un trafiquant. Mais ils recourent à des ruses de telle façon à échapper à notre contrôle. Ils remplissent le réservoir et prennent la route. Pas de jerricans, pas de bidons de fortune et pas de preuves, il nous déclarent qu'il ne s'agit ni plus ni moins que du plein du réservoir. La proximité, entre les populations, fait que certains cas de figure nécessitent des souricières, ce qui n'est pas toujours évident dans les reliefs de Maghnia”, nous affirme encore M Mensous qui base tout le travail sur le renseignement, la preuve et le flagrant délit. La pièce détachée, l'or, les téléphones mobiles et leurs accessoires (près de 4 000 unités), l'électroménager et les produits cosmétiques n'échappent pas aux contrebandiers qui “importent” et “exportent” du Maroc vers l'Algérie, et vice-versa, pour des valeurs parfois qui se chiffrent en plusieurs millions de dinars. Il faut relever également que cette division a saisi près de 200 véhicules, dont 61 voitures au réservoir complètement trafiqué, 24 autres voitures aux numéros de châssis et documents administratifs falsifiés, 14 camions et 16 tracteurs, en sus des 65 mulets, 1 moissonneuse-batteuse, 7 cyclomoteurs et 2 autres tracteurs maquillés. À la guerre comme à la guerre, les tuniques grises de Maghnia ont réalisé un bilan probant en 2009, sachant que, selon le divisionnaire Mensous, tous les moyens humains et logistiques seront mis à contribution pour juguler le crime transfrontalier avec tout ce que cela suppose comme aléas sur un terrain “saupoudré” de complicités.