Au sein de l'administration US, on a décidé de consulter les partenaires et autres Etats contenus dans la liste des “pays à risques” pour discuter de ces mesures. Les Etats-Unis d'Amérique sont-ils allés trop vite en besogne en instituant des mesures sécuritaires draconiennes à l'endroit des ressortissants étrangers dont les Algériens se rendant sur leur territoire, des mesures vécues comme un “affront” par Alger ? S'il faut se garder de tirer des conclusions hâtives, il reste qu'au sein de l'establishment américain, la décision semble provoquer quelques embarras eu égard à la réaction d'Alger qui s'étonne de l'attitude de Washington. C'est pourquoi un effort d'explication semble s'imposer à l'administration Obama. “Les nouvelles mesures sont venues en réponse directe à l'attaque avortée contre un avion de ligne américain. Les gens, qui travaillent dans le renseignement américain, étaient choqués de ce qui était arrivé car les terroristes ont réussi à passer toutes les mailles. C'est un choc pour eux. Obama a réuni les services pour voir quelles mesures à apporter. Il a été très clair. Ces directives ne sont pas dirigées contre certains pays, ni contre l'Algérie !”, tente de rassurer un diplomate occidental en poste à Alger. “Nous savons que tous les pays musulmans sont contre le terrorisme. Ces décisions visent la sécurité non seulement des Etats-Unis, mais aussi du transport aérien”, précise-t-il encore. Histoire sans doute de convaincre de la volonté de Washington de réparer les hypothétiques désordres, du moins politique, le diplomate qui recevait un groupe de journalistes suggère à demi-mot que des assouplissements pourraient même être envisagés. En tout cas, au sein de l'administration US, on a décidé de consulter les partenaires et autres pays cités dans la liste pour discuter de ces mesures. “Des officiels à un haut niveau considèrent que ces mesures ne sont pas parfaites et qu'il faut discuter avec d'autres partenaires”, dit-il, ajoutant que Janet Napolitano, secrétaire à la Sécurité intérieure, va envoyer des émissaires dans plusieurs pays dont ceux cités dans la liste pour discuter de ces mesures. “Ils sont conscients à un haut niveau de l'intérêt de discuter de ces nouvelles mesures. C'est une situation qui ne va pas stagner, qui va évoluer. Les mesures sont sujettes à discussion.” Interrogé sur les critères qui ont présidé au classement de l'Algérie parmi les pays à risques, le diplomate, qui n'a pas manqué de rappeler le combat mené par l'Algérie contre le terrorisme, s'est excusé de ne pouvoir fournir des explications. “Les critères ne sont pas rendus publics et je n'ai pas accès à cela.” “Peut-être, on les connaîtra plus tard”, dit-il avec l'inévitable “inch'Allah”. Ces mesures ne traduisent-elles pas un froid politique entre Alger et Washington ? “C'est une décision sécuritaire. Ce n'est pas l'expression d'une tension politique. Ces mesures ne vont pas diminuer l'engagement des Etats-Unis en Algérie sur les plans politique, économique, culturel et sécuritaire”, rassure-t-il. Mieux encore, selon lui, ces mesures ne risquent pas de remettre en cause la coopération multiforme entre les deux pays, encore moins dans le domaine sécuritaire particulièrement dans la lutte contre Al-Qaïda au Sahel, une région au cœur des préoccupations américaines, même s'il estime qu'il est incapable de prédire le devenir de la coopération. “Je ne peux pas prédire ce qui va se passer plus tard. Mais nous avons une très bonne coopération que nous apprécions et que nous souhaitons maintenir. Les Etats-Unis ont de bonnes relations qu'ils partagent avec l'Algérie sur les plans économique, politique, culturel mais aussi sécuritaire. Les Algériens ont été très coopératifs dans ce domaine avec tous les officiels qui sont venus en Algérie dont George Mitchell. Nous n'ignorons pas ce que l'Algérie a enduré. Les USA et l'Algérie font face à la même menace. On est conscient de cela”, fait-il valoir. Sur la convocation de l'ambassadeur US à Alger au siège des Affaires étrangères avant-hier, le diplomate a indiqué que “les deux parties ont discuté des mesures et un rapport consignant l'avis des Algériens a été transmis à Washington”. Quant à savoir si Medelci, notre ministre des AE, a été soumis à des contrôles rigoureux lors de son récent séjour dans la capitale fédérale américaine, le diplomate en termes diplomatiques a affirmé qu'“il a été traité en tant qu'officiel”. Enfin, il soutient que des changements dans le travel warning à la faveur des nouvelles mesures ne sont pas d'actualité. “Il n'y a rien pour l'heure !”