Le responsable du complexe ne veut plus négocier avec les représentants des travailleurs. Rien ne va plus entre la direction générale et le syndicat du complexe sidérurgique ArcelorMittal El Hadjar. Le spectre d'une nouvelle grève générale illimitée se profile à l'horizon. De profondes divergences opposent les deux parties. Le communiqué émis par Vincent Legouic, directeur général, et Smaïn Kouadria, secrétaire général du syndicat, ne laisse planer aucun doute là dessus. On assiste à une véritable volte-face de la direction générale qui a rejeté toute négociation sur une éventuelle «augmentation des salaires, la convention collective et de branche, le départ à la retraite...» contenues dans la plate-forme de revendications des travailleurs émise en janvier dernier lors de la grève observée au cours du même mois. Le SG du syndicat est déterminé, pour sa part, à répondre aux attentes des travailleurs pour l'amélioration de leur situation socioprofessionnelle. Ce sont finalement deux positions diamétralement opposées à l'origine de l'établissement, mardi par l'inspection du travail, d'un procès-verbal de «non-conciliation». Pour bien marquer le durcissement de sa position, le directeur général a clairement affirmé qu'il «ne reconnaît pas la Société de gestion des participations Transolb, son associé au titre de propriétaire du groupe Sider, la convention collective et de branche et les dispositions légales du ministère du Travail», a indiqué le SG du syndicat. Celui-ci envisage, en guise de réplique, de lancer une grève générale. La décision sera prise, aujourd'hui, lors d'une assemblée générale des travailleurs, a annoncé Kouadria lors d'une conférence de presse. De son côté, pour justifier sa position, la direction générale avance des difficultés auxquelles serait confronté le complexe: «La baisse constante de la production ces trois dernières années, les gros investissements à consentir pour réhabiliter l'outil de production, les augmentations salariales déjà consenties et l'amélioration des conditions de travail.» La rétrospective de la lutte des ouvriers d'ArcelorMittal Algérie retient le «retour au charbon» après 9 jours de grève, du 12 au 20 janvier 2010. Elle a été suspendue à la suite d'un accord passé entre le géant de l'acier et son partenaire algérien Sider. L'accord conclu porte sur le financement des travaux de rénovation de la cokerie dont la direction envisageait au début la fermeture. Le syndicat d'entreprise s'était dit alors «satisfait» du compromis. Par ailleurs, le SG du syndicat S. Kouadria, avait entamé une grève de la faim le 31 janvier 2010 pour protester contre le refus de la direction de payer les jours de grève. Il avait finalement arrêté son mouvement, 24 heures plus tard, après avoir obtenu gain de cause. La direction d'ArcelorMittal El Hadjar, qui entendait procéder à des ponctions sur salaire à raison de trois jours par mois, était acculée à payer finalement huit jours de grève, le neuvième étant réglé, sous forme de prime, par le fonds des oeuvres sociales de l'entreprise. La direction avait également retiré la plainte qu'elle avait déposée auprès du tribunal d'El Hadjar pour mouvement de grève illégal. Le juge de la section sociale du tribunal, devant lequel comparaissait Kouadria le 31 janvier 2010, avait donc classé l'affaire.La principale revendication des 7 200 travailleurs du complexe situé à Annaba, portait sur la rénovation de la cokerie dont la direction ne voulait pas entendre parler. Cependant, un conseil d'administration d'ArcelorMittal El Hadjar, où le groupe algérien public Sider est actionnaire à hauteur de 30%, avait, en fin de compte, décidé de procéder à la rénovation de la cokerie pour un montant de 40 millions de dollars (27,5 millions d'euros).