Magnifique et exceptionnelle a été la prestation des Japonais, mercredi soir, à la salle Cosmos de Riadh El-Feth. Ils nous ont initiés à leur musique traditionnelle avec leur jeu de tambour appelé “wadaiko”. Le temps d'une soirée, le public algérois a pu apprécier, mais surtout découvrir la culture japonaise grâce au concert de “wadaiko”, le tambour traditionnel japonais. Organisé par la fondation du Japon et l'ambassade du Japon en Algérie à la salle Cosmos, le show a été entamé par un morceau intitulé Iri, du musicien Ichitaro. Ce joueur de tambour à cordes a offert au public huit minutes de bonheur. Maniant les baguettes avec agilité, il accompagnait son jeu par une gestuelle sensuelle avec les mains ; le son du tambour ajoutait à l'intensité du moment et on l'aurait cru en transe. En effet, de son tambour sortaient des sons et des tons changeants ; tantôt, des intonations japonaises et tantôt africaines, plutôt jazzy. Le deuxième morceau s'intitulait Aries, un signe du zodiaque dans la mythologie grecque. Cette composition a été interprétée par Ichitaro, qui a été accompagné par le flûtiste Masaki Nakamura, vêtu de kimono traditionnel. Racontant l'histoire d'un berger avalé à son insu dans la mer des étoiles, les deux musiciens ont transporté les spectateurs dans un décor très lointain, au fin fond de l'ancien Japon. La fusion de ces deux instruments a généré deux sentiments différents : les sons de la flûte ont créé une atmosphère de tristesse, de désespoir et de mélancolie, tandis que le tambour a réussi à traduire toutes les dimensions de force et de courage, largement connues dans la culture japonaise. Toujours dans l'esprit traditionnel, un troisième musicien de tambour a rejoint ses acolytes. Akihiro Sato était muni d'un petit tambour mais dont les sons étaient extrêmement puissants. Les trois artistes ont interprété ensemble Sou, un morceau entraînant et pétillant qui rappelait la douceur du printemps et qui a contrasté avec les premiers morceaux du début, mélancoliques et tout en puissance. Oubliant presque que c'est de la musique traditionnelle, les trois musiciens ont pu reproduire des sons rock, et le plus spectaculaire dans tout cela a été, sans doute, la manière avec laquelle jouait Akihiro Sato. Il jonglait avec ses baguettes et jouait sans perdre le fil, sans se tromper donc. Ces trois musiciens sont considérés comme des vedettes dans leur pays. Ichitaro a rejoint, en 1990, le plus célèbre groupe de tambour appelé Ondekoz. Il a à son actif la réalisation de 500 concerts et prévoit même de jouer, en 2010, en Europe. Le flûtiste Masaki Nakamura a remporté plusieurs concours de flûte de bambou, son style est plutôt contemporain, nouveau et sophistiqué. Enfin, Akihiro Sato, âgé de 23 ans seulement, fait partie de la bande locale de tambour Hadano Kanko Wadaiko et cherche à vulgariser la culture du tambour japonais. Sur scène, derrière les musiciens, un hodaiko (grand tambour) était accroché. Vers la fin du concert, Ichitaro a interprété San sur ce tambour haut d'un mètre. Durant quinze minutes, le musicien a utilisé une force et une énergie herculéenne ; et les sons produits ont renvoyé l'assistance au temps des Samouraïs où le tambour était battu pour appeler à la guerre. Pour finir cette soirée en beauté, et à la grande stupéfaction du public, les musiciens ont interprété l'hymne national algérien, qui signifiait un grand pas d'amitié entre les deux cultures. Le public était conquis à l'unanimité et une standing-ovation a été consacrée aux trois musiciens virtuoses venus du “pays du soleil levant”.