Le secrétaire général du syndicat d'entreprise, que nous avons pu approcher, ne semble pas étonné par l'attitude ostensiblement offensive de la direction à l'égard des représentants des travailleurs en ce sixième jour de grève. En réaction au mouvement de grève qui paralyse le complexe d'El-Hadjar et tous les points de vente de son entreprise au niveau national, la direction générale d'ArcelorMittal Algérie a déposé, hier, une plainte en référé auprès du tribunal d'El-Hadjar (Annaba) contre le syndicat d'entreprise pour avoir appelé à l'arrêt d'activité général et illimité. Jugeant, pour sa part, que la grève observée par les 7 200 travailleurs d'ArcelorMittal depuis mardi dernier est illégale, le directeur général de l'entreprise, M. Vincent Legouic, a donné des instructions pour que les salaires des employés “en absence irrégulière”, selon lui, soient suspendus. Cette mesure, autant que l'action en justice intentée par la direction contre leurs représentants syndicaux a provoqué une vive réaction chez les grévistes, qui ont longuement manifesté leur indignation, hier matin, dans l'enceinte du complexe sidérurgique. Toujours mobilisés autour de Smaïn Kouadria et du syndicat d'entreprise, les travailleurs, dont un grand nombre de cadres supérieurs du site d'El-Hadjar, ont scandé des slogans hostiles aux hauts responsables du groupe, mais aussi contre les représentants locaux des partis politiques et les parlementaires. Il a été notamment reproché à ces derniers de ne pas avoir appuyé leur démarche de réhabilitation de leur outil de production. Rassemblés devant le siège du syndicat, les manifestants ont, par ailleurs, clamé haut et fort leur intention de “sacrifier” leur salaire de janvier et des autres mois, s'il le fallait, pour sauver la cokerie. Aux cris : “Nous n'avons confiance qu'en les documents officiels et en Bouteflika”, ils ont massivement dit leur intention de poursuivre leur mouvement de grève jusqu'à ce que les pouvoirs publics donnent leur accord pour négocier avec ArcelorMittal le plan de développement de toutes les installations du complexe, y compris la réhabilitation de la cokerie, fermée depuis octobre dernier. Le secrétaire général du syndicat d'entreprise, que nous avons pu approcher, ne semble pas étonné par l'attitude ostensiblement offensive de la direction à l'égard des représentants des travailleurs en ce sixième jour de grève. Il estime avoir agi en toute légalité pour préserver les acquis des travailleurs qui ont placé leur confiance en lui et en son équipe. “Nous avons respecté à la lettre la réglementation régissant le droit à la grève. La direction est libre d'apprécier la situation à sa manière, mais nous agissons dans notre bon droit, même si la décision prise collectivement et bien malgré nous d'arrêter le travail nous fait mal”, explique le syndicaliste. Et d'ajouter : “L'équipe de syndicalistes dont j'ai l'honneur de faire partie est en totale symbiose avec le programme du président Bouteflika, puisque qu'elle aspire à valoriser la production nationale tout en préservant les emplois. Nous avons lutté du mieux que nous pouvions contre la corruption qui gangrenait le complexe sidérurgique depuis de longues années. Notre combat est juste, Dieu nous est témoin.”