La direction générale a instruit son service juridique à l'effet d'intenter une action en justice en référé au niveau du tribunal d'El Hadjar à l'encontre de son partenaire social, estimant que le mouvement de grève générale qui paralyse depuis 6 jours le complexe est illégal. Plus grave encore, la direction considère que les travailleurs en grève sont en absence non justifiée et a ordonné au responsable de finances de les priver du salaire du mois en cours. Des informations que Smaïl Kouadria, le secrétaire général du syndicat de l'entreprise, a confirmées en affirmant : « En effet, l'employeur indien a intenté une action en justice à l'encontre du syndicat pour que l'arrêt de la grève soit décidé. En guise de pression, la direction générale a également prévu de ne pas verser le salaire du mois de janvier 2010. » Contacté, le syndicaliste a néanmoins annoncé la réaction émanant du groupe public Sider, qu'il a jugée positive. Selon lui, ce dernier, détenteur de 30% des actions du complexe ArcelorMittal El Hadjar, a été notifié à l'effet d'organiser aujourd'hui un conseil d'administration avec son partenaire indien – actionnaire majoritaire à hauteur de 70% – pour lui annoncer la disponibilité du groupe Sider à financer à hauteur de 30% la rénovation de l'unité cokerie. Parallèlement, les travailleurs se sont rassemblés devant le siège du syndicat pour exprimer haut et fort leur désapprobation quant à l'offensive annoncée par leur employeur. « Nous sommes prêts à aller plus loin, même à sacrifier nos salaires pour obtenir la satisfaction de toutes nos revendications dont la réhabilitation de la cokerie », ont-ils tonné en scandant : « La thiqa ghir fil wathiqa wala fi Bouteflika » (nous n'avons confiance qu'en les documents officiels ou en Bouteflika). Imperturbable, Smaïl Kouadria, le secrétaire général du syndicat d'entreprise, ne semble pas étonné par la réaction de son employeur. A la question relative à la légalité de leur mouvement de grève, le syndicaliste a estimé avoir agi en respectant la réglementation en vigueur régissant le droit à la grève. « Libre à l'employeur d'apprécier selon sa vision notre mouvement de grève qui, pour nous, est le seul moyen légal à même de nous permettre la satisfaction de nos revendications sociales notamment la réhabilitation de la cokerie », a-t-il soutenu, avant de tirer à boulets rouges sur la centrale UGTA, notamment en raison de son mutisme inexpliqué. Au 6e jour de grève, les 7200 sidérurgistes sont toujours mobilisés autour de leur syndicat. Ils réitèrent à qui veut les entendre la même condition pour mettre fin à leur mouvement de grève, qui est l'engagement officiel des pouvoirs publics, de Sider et d'ArcelorMittal sur un plan d'investissement global en Algérie incluant la réhabilitation de la cokerie. Pour eux, c'est la condition incontournable pour arrêter la grève générale au complexe sidérurgique d'El Hadjar. « Sinon, nous sommes prêts à arrêter le haut fourneau n°2 et déplacer notre mouvement de protestation sur Alger », ont-ils menacé. C'est dire que le bras de fer entre les deux belligérants continue et risque de s'inscrire dans le temps, tout autant que les pertes qui, selon les spécialistes en la matière, sont estimées à 1 million de dollars/jour, soit 6 millions de dollars jusqu'à hier.