Mahieddine rêvait de devenir médecin. Un jour, il rendit visite au plus célèbre toubib du village et lui fit part de son désir d'exercer ce métier. “Tu tombes à pic. Je suis sur le point d'aller rendre visite à quelques malades. Accompagnes-moi. Ainsi, tu apprendras le b. a.- ba de la médecine sur le terrain”, lui répondit le grand docteur. Aussitôt dit, aussitôt fait. Les deux hommes arrivèrent au chevet du premier patient. Le médecin l'examina à peine et déclara, sûr de lui : “Ton cas est simple. Ne mange plus autant de cerises, bois une tisane avant de dormir et demain, tu seras en pleine forme.” Mahieddine était plein d'admiration. Dans la rue, il couvrit le docteur d'éloges : “Ô maître ! Vous êtes vraiment prodigieux ! Dites-moi, comment avez-vous pu poser le diagnostic sans même avoir touché le malade ?” “C'est simple comme bonjour, lui répondit le toubib. J'ai jeté un coup d'œil sous le lit. J'ai vu qu'il y avait un amas de noyaux de cerises, donc j'en ai déduit qu'il en avait abusé. C'est pas sorcier !” Mahieddine se dit alors que la médecine était un jeu d'enfant. Il décida de se lancer illico presto dans ce métier qui allait, il en était sûr, lui rapporter une belle fortune. S'autoproclamant médecin, il alla rendre visite à son premier patient dès le lendemain. Mahieddine pénétra dans la chambre, regarda sous le lit et n'aperçut qu'une paire de vieilles babouches. “Ton cas est simple, lança-t-il. Ne mange plus autant de babouches, bois une tisane avant de dormir et demain, tu seras tout à fait guéri !” NADIA AREZKI [email protected]