La lutte contre le terrorisme continue à diviser les Etats-Unis et l'Union européenne, notamment la question des moyens à utiliser. Ainsi, l'uniformisation des mesures de sécurité dans les aéroports n'est pas souhaitée par les Américains, car, selon leur ministre de la Sécurité intérieure, Janet Napolitano, elle risquerait de faciliter la tâche de ceux qui veulent commettre des attentats. Au cours d'un point de presse au lendemain d'une réunion avec ses homologues de l'Union européenne, la responsable US a déclaré : “En fait, nous ne souhaitons pas l'utilisation de mesures identiques, car alors les terroristes sauraient quoi affronter et s'emploieraient à les déjouer.” Selon elle, les scanners corporels sont “un outil”, mais “il doit y avoir une combinaison d'autres mesures”. Pour démentir les informations faisant état d'une volonté américaine d'imposer des mesures aux Européens, elle ajoutera que “les pays décident seuls de la combinaison”. Janet Napolitano expliquera que “les médias se sont focalisés sur les scanners corporels, mais la réunion avec mes homologues européens était centrée sur la nécessité d'augmenter la collecte et le partage des informations sur les voyageurs”. Toutefois, elle admettra que des erreurs commises aux Etats-Unis avaient permis la tentative d'attentat à bord d'un avion américain assurant la liaison Amsterdam-Detroit le jour de Noël, en confirmant : “Les informations en possession des Etats-Unis n'ont pas été mises sur la bonne liste, ce qui aurait dû empêcher cette personne d'embarquer. Nous nous employons à corriger ces erreurs.” Réagissant à ce discours, le commissaire européen français à la Justice, Jacques Barrot, estimera que les Européens doivent éviter d'agir en ordre dispersé face aux Etats-Unis et s'abstenir de toujours rechercher le plus petit dénominateur commun s'ils veulent rester crédibles en matière de sécurité. L'objectif est d'aboutir à un cadre commun, dira-t-il, car, ajoutera-t-il : “Il est déraisonnable de penser négocier séparément avec les Etats-Unis et c'est illusoire.” Plus catégorique, il avertira : “Face aux Américains, il faut que l'Europe avance sur la même ligne, sinon c'est foutu.” Tout en soulignant : “C'est notamment le cas pour l'utilisation des nouvelles technologies comme les scanners corporels. Nous devons arriver à un cadre commun pour le bon usage de ces scanners, sinon je ne vois pas comment cela peut fonctionner.” Il s'est inquiété des initiatives individuelles de certains Etats-membres sur la collecte des données personnelles des voyageurs (PNR), un élément de la coopération avec les Etats-Unis contre le terrorisme, en expliquant : “Si nous voulons être efficaces, il faut que l'instrument pour recueillir et exploiter ces données soit européen. C'est essentiel pour éviter les abus et les violations de la vie privée”. Il aboutira à la conclusion que “ce sera plus facile pour négocier avec les Américains sur un pied d'égalité”. En effet, les négociations avec Washington sur la collecte et la transmission de données personnelles des citoyens de l'UE à l'occasion de leurs voyages en avion ou de leurs transactions bancaires s'avèrent difficiles, car les garanties offertes par les Etats-Unis sur la protection de ces données sont jugées insuffisantes.