Le marché algérien de la monétique est prometteur compte tenu des retards à rattraper. Et c'est pour cette raison, entre autres, que les Français s'y intéressent. Et c'est dans ce cadre que la mission économique UBI-France près l'ambassade de France à Alger, en collaboration avec la Satim et Algérie Poste, et avec le soutien du ministère des Finances et du ministère de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, a organisé hier à l'hôtel El-Djazaïr (Alger) des rencontres d'affaires monétique et informatique bancaire, durant lesquelles des offres des entreprises françaises, en la matière, ont été présentées. La carte bancaire se fraye petit à petit un chemin, mais le rythme semble lent. La représentante de la société d'automatisation des systèmes interbancaires et de monétique (Satim) a indiqué qu'environ 500 000 cartes de paiement et de retrait interbancaires (CIB) ont été émises. Plus de 3 millions de transactions sont effectuées chaque année. “C'est peut-être peu. Mais l'évolution est de 100% annuellement”, souligne la représentante de la Satim, en précisant que les transactions sont plus des opérations de retrait que de paiement. Et pour cause, seulement 300 terminaux à paiement électronique sont installés, principalement, au niveau des grands hôtels, des restaurants et des pharmacies. Par contre, plus de 1 200 distributeurs automatiques de billets de banque ont été mis en place par les banques. La Satim a annoncé un programme d'installation de 200 DAB par an. Sur ce plan, la Poste fait mieux. “6 millions de cartes CCP ont été émises”, a affirmé M. Bouteldja Omari, directeur de la monétique à Algérie Poste, le premier réseau de paiement du pays chez qui sont domiciliés plus de 3 millions de salariés et de retraités du secteur de l'Etat. Algérie Poste gère aujourd'hui environ 12 millions de comptes CCP et 4 millions de comptes Cnep. Algérie Poste, ce sont aussi 3 300 bureaux disséminés sur tout le territoire national, dont 98% sont reliés aux réseaux informatiques. “Plus de 3,5 millions de transactions sont enregistrées chaque mois”, souligne M. Bouteldja Omari. Le directeur de la communication d'Algérie Poste, M. Nourredine Boufenara, a précisé que sur 4,5 millions de cartes distribuées, deux millions seulement ont été activées, soit 44% des cartes distribuées. Environ 1,3 million de cartes commandées par la clientèle n'ont toujours pas été retirées. Quant aux pannes récurrentes des DAB, M. Boufenara les a imputées à la dégradation et à la mauvaise qualité des billets de banque en circulation, notamment ceux de 200 dinars, indiquant que de nouveaux billets devront être introduits à partir de l'année prochaine. La représentante de la Satim évoque d'autres contraintes qui ont fait grincer la machine. Elle a évoqué le taux de bancarisation relativement faible, une culture du cash très fortement implantée, des commerçants qui tendent à minimiser leur déclaration fiscale et qui contestent les taux de commission, ce qui ne facilite pas le démarchage des commerçants. Par ailleurs, quelques expériences négatives au démarrage, des problèmes de télécommunications, méconnaissance des plafonds de retrait, blocage de la carte ont amené les porteurs à être réticents à l'utilisation de la carte. “D'où la nécessité d'un fort besoin de communication”, a-t-elle suggéré. D'aucuns estiment que sur le plan du marketing, la carte de retrait n'a guère bénéficié d'une promotion massive. La conception de ce produit ne semble pas avoir été soutenue par une bonne définition du profil du porteur. À l'époque de son lancement, la segmentation de la clientèle n'était pas intégrée comme instrument d'évaluation et de décision. Pour autant la Satim ne baisse pas les bras. Le challenge est d'émettre un million de cartes avant la fin 2010 et le démarchage de 10 000 commerçants. Mais comme l'a souligné M. Daniel Vitse, la réussite de ce challenge suppose “une alliance forte entre les banques, les particuliers, mais surtout les commerçants qu'il faudrait convaincre”.