“Les textes sur la promotion de tamazight ne sont que littérature.” Ce constat est établi par le comité autonome du département de langue et culture amazighs de la faculté des lettres et sciences humaines de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou dans une déclaration rendue publique à l'occasion de la célébration du 20e anniversaire de l'ouverture du département d'enseignement de tamazight dans cette wilaya. Dans son document, le comité en question explique qu'en dépit de sa réhabilitation comme langue nationale en 2002, tamazight demeure pour l'heure l'otage des cercles de décision qui visent sa disparition ou sa servitude dans le folklore comme seules alternatives qui lui sont réservées. “L'attachement du HCA à la présidence n'est qu'une manière de bloquer et de contrôler ses activités et cette tradition politique algérienne persiste encore dans sa vision considérant la diversité linguistique comme un danger pour l'unité nationale et donc un germe de division”, est-il écrit dans la déclaration du comité du département de tamazight à travers laquelle il est également souligné que la nationalisation de tamazight était faite dans le seul souci d'apaiser et désamorcer la situation alarmante pour effacer la volonté et l'acharnement de ses défenseurs. En filigrane, les rédacteurs du document évoquent une gestion purement politicienne de tamazight, cette langue qui, 20 ans après la promulgation du décret ministériel n°11 du 24 janvier 1990 qui a été suivi par la création de l'institut de langue et culture amazighs par décret ministériel n°97-149 du 10 mai 1997, la situation de l'enseignement de tamazight est toujours peu reluisante tant elle bute toujours sur des blocages et des entraves de toutes sortes. D'ailleurs, estiment les auteurs de la déclaration, si la création du haut commissariat à l'amazighité, HCA, et la réhabilitation du statut de tamazight comme langue nationale, est un acquis considérable pour certains, “pour la majorité, au contraire, la bataille qui fait suite à la véritable révolution conduite par la Kabylie dès l'apparition du 1er indice de l'éveil de conscience durant le printemps berbère de 1980 jusqu'au boycott scolaire de 1994, est encore loin d'être gagnée”. Le rebut de la graphie latine n'est d'ailleurs qu'une des preuves palpables de ces entraves qu'on dresse devant l'épanouissement de la culture berbère. Plus explicites, les rédacteurs de la déclaration ajoutent que “si le défunt Mouloud Mammeri avec son cercle de chercheurs et d'étudiants ont adopté la graphie latine pour tamazight dans l'objectif de lui conférer une allure moins archaïque, et donc plus moderne, encore une fois, les idéologues arabo-baâthistes rebroussent chemin avec la graphie arabe avec comme objectif de récupérer et neutraliser la langue et la culture amazighes au profit de la culture arabe”. Ce qui est alors, de leur avis, une falsification visant à ne pas faire de tamazight une langue de travail. Tout en revenant sur les lacunes pédagogiques rencontrées dans l'enseignement de tamazight, le comité du département estime, en ce qui concerne l'avenir de cette langue, qu'il est question d'être ou ne pas être et qu'il est donc du devoir du peuple berbère de la prendre en charge par lui-même et pour lui-même.