Le président américain, qui a bricolé une liste de 14 pays à surveiller comme des pestiférés pour “terrorisme”, préconise de négocier avec les talibans, au nom desquels il a envoyé 17 000 G.I's supplémentaires en Afghanistan pour “éradiquer à la racine le terrorisme islamiste” ! Le président américain n'est plus à une contradiction près. Voilà qu'il dépêche sa sous-secrétaire d'Etat chargée du Maghreb et du Proche-Orient auprès de pays pourvoyeurs, selon lui, de terroristes, qu'il a inscrits dans une liste noire et à surveiller de près, pour expliquer à leurs dirigeants le pourquoi de cet acte unilatéral et essayer de les amadouer en leur promettant de les déclasser plus tard. C'est du moins ce que Janet Anderson a fait durant son séjour à Alger où elle était ambassadrice à l'époque de Bush junior, c'est-à-dire lorsque les Etats-Unis n'arrêtaient pas d'encenser l'Algérie pour le combat héroïque de sa population contre le terrorisme et l'expertise acquise par ses forces de sécurité en matière de lutte contre le terrorisme. Et cela sans l'assistance de quelque pays que ce soit. Bien au contraire, durant la décennie noire, Alger devait également faire face aux récriminations de pays étrangers, à commencer par les Etats-Unis, persuadés qu'ils étaient que les Algériens et les Algériennes devaient boire la tasse islamiste. L'envoyée d'Obama n'a pas soufflé mot sur la présence de notre pays dans cette liste, et ce ne sont pas certainement pas les trois ou quatre Algériens “hôtes” de Guantanamo qui en seraient la cause. Le cachot américain dans l'Ile de Cuba a renfermé des Jordaniens, des Egyptiens, des Libyens et des Marocains, par pelletées, des dizaines pour certains et des centaines pour d'autres, et leurs pays ne figurent pas pour autant dans la liste ! Et puis, il y également des Français et des Britanniques... En outre, depuis les attentats du métro de Paris, plus un Algérien ne s'est trouvé impliqué dans un attentat terroriste hors de l'Algérie. Embarrassée par ce flagrant deux poids, deux mesures, Janet Anderson a promis de revoir la cas de l'Algérie. À voir. En attendant, alors que le président afghan Hamid Karzaï et son homologue pakistanais Azif Zardari, dont les pays sont également sur la liste Obama, se sont réunis, le 25 janvier à Istanbul, pour évoquer les questions de sécurité en Afghanistan mais surtout des possibilités de dialogue avec les talibans, le général américain McChrystal, commandant de la force internationale déployée en Afghanistan, devait, de son côté, annoncer que les pays pourvoyeurs de cette force se préparaient également à “une paix négociée” avec “les insurgés” ! On aura remarqué le glissement sémantique : il n'est plus question de terroristes ! Dans le Financial Times, le général McChrystal va jusqu'à dire que son pays serait “satisfait” de voir des chefs talibans au sein du futur gouvernement à Kaboul, estimant que la page du passé doit être tournée. Auparavant, le numéro un de l'Otan avait dit être favorable à la normalisation avec les talibans. On est bien loin de la posture d'Obama lorsqu'il recevait son prix Nobel de la paix en expliquant au monde qu'il y avait “des guerres justes” et que la mission de son pays était justement de les mener jusqu'au bout. Et puisqu'il s'est apparemment trompé d'analyse, pourquoi alors a-t-il confectionné une liste noire alors qu'aujourd'hui, c'est-à-dire dans le même temps, il préconise contre toute attente et sans état d'âme la réconciliation aux Afghans ? Le mouvement serait en marche, le représentant spécial de l'ONU à Kaboul, Kai Eide, a demandé la suppression de leaders talibans, à l'exception le leur chef suprême, le mollah Omar, de la liste noire du terrorisme, afin d'ouvrir les négociations. La société américaine ne semble pas comprendre cette attitude de girouette de son Président et le lui rend bien puisqu'il n'arrête pas de dégringoler dans les sondages. Obama doit faire preuve d'ingéniosité pour habituer son opinion à l'idée que les talibans n'appartiennent pas tous au réseau d'El-Qaïda, après que la guerre contre Ben Laden et consorts eut devenue une idéologie aux Etats-Unis. Il vient même d'enfoncer, en déclarant sur la chaîne ABC, que la multinationale terroriste Ben Laden a fait faillite. Et dans la foulée, le président américain se doit d'expliquer aux populations de sa liste noire pourquoi il les a fichés, dès lors qu'il prône la réconciliation avec ceux-là même qui ont enfanté et systématisé le terrorisme islamiste.