Les décisions prises lors de la réunion de Londres jeudi ont confirmé une fois de plus que les Etats-Unis et leurs alliés ont manqué de clairvoyance quant aux solutions de sortie de crise en Afghanistan. Avec comme mots d'ordre le transfert de la sécurité aux forces afghanes qui commencera «cette année», et l'appui au projet de réconciliation avec les talibans prôné par le président afghan Hamid Karzaï, la conférence de Londres sur l'Afghanistan s'est conclue sur un constat clair : l'avenir de ce pays ne passera pas par une solution militaire. Après neuf ans d'occupation, l'armée américaine qui ne s'est pas privée de mener des dizaines et des dizaines d'opérations, portant des appellations différentes pour atteindre son objectif: éradiquer le terrorisme dans le monde, semble avoir raté sa mission. Même avec ces nouvelles décisions, les talibans refusent toute réconciliation jusqu'au départ total des forces internationales du territoire afghan. Dans un communiqué publié jeudi, le conseil suprême des talibans a répété qu'il n'entendait pas négocier sans le départ préalable des quelque 113.000 soldats des forces internationales, et que leur objectif était d'instaurer un émirat islamique. Dans son allocution d'ouverture, le Premier Ministre britannique Gordon Brown a apporté son soutien au Président Afghan tout en soulignant que, «pour ces insurgés» qui ne renonceraient pas à la violence, «nous n'aurons pas d'autre choix que de les chasser par la force». Même son de cloche du côté de Washington. « Nous partageons la conviction du président Karzaï qu'une réintégration prudente affaiblira l'attrait de l'extrémisme, et apportera plus de stabilité et de sécurité à l'Afghanistan », réaffirma Mme Hillary Clinton ajoutant que «des incitations efficaces peuvent les intégrer dans la démocratie afghane». Les Etats-Unis veulent frapper plus encore les flux financiers soutenant les combattants islamistes, tout en favorisant «la réintégration des talibans qui se détournent d'Al-Qaïda. Un nouveau programme d'assistance à long terme en complément de l'aide de 7,5 milliards de dollars sur cinq ans votée à l'automne est en cours de préparation par le Congrès américain. Il associera aide économique, soutien à la contre-insurrection et «diplomatie publique».