Selon la plupart des producteurs biskris, les Tunisiens seraient en train de tenter de déposer l'appellation Deglet Nour, auprès des instances internationales de certification, afin qu'elle devienne leur propriété exclusive, une sorte d'appellation contrôlée. Cette variété exceptionnelle, originaire du terroir de Tolga, la Deglet Nour, fait partie de plus de cent variétés de dattes. Selon les plus avertis, le risque est grand de voir disparaître les variétés de dattes mineures, de moins en moins plantées, parce que moins recherchées sur le marché. À Biskra, transformée en l'espace de deux décennies en un immense jardin, avec ses maraîchages, ses serres et ses vergers, le secteur agricole a bénéficié de la sollicitude des pouvoirs publics et de l'engouement des cultivateurs. Dès la fin octobre, on peut trouver des fèves, des piments, des pommes de terre et toutes sortes de produits maraîchers frais, à des prix abordables. Véritable paradoxe, prouvant que tout est possible lorsque les finances, la volonté humaine et le savoir-faire sont réunis et mis en synergie. En cette mi-novembre, Messaoud Guemmari, le très actif président de la Chambre d'agriculture de Biskra, doit se rendre en Espagne afin d'assister à une rencontre sur la culture sous serre. Car l'ambition est grande chez les agriculteurs biskris de convaincre les pouvoirs publics de l'importance d'investir dans des serres plus grandes et sur des superficies plus importantes, des serres multichapelles, puisque les rendements sont assurés, avec une moyenne de 17 heures d'ensoleillement quotidien. L'eau non plus ne manque pas, même s'il faut la chercher profond grâce à des sondes. On ne peut envisager de culture en l'absence d'irrigation. Mais le fonçage coûte de l'argent, plusieurs millions de centimes le mètre linéaire, ainsi que les pompes immergées électriques et les retenues. Par bonheur, le PNDA est passé par-là et a donné des résultats plus que probants. Deglet Nour est incontestablement la fierté de la région. La datte qui devrait constituer la locomotive des exportations agricoles nationales est entraînée par la Deglet Nour. Si cette variété pousse un peu partout, l'environnement le plus propice pour sa culture se situe dans un périmètre relativement restreint constitué par quatre localités : Tolga, Bordj Ben Azzouz, Foughala et Laghrous et Doucen. Pour rappel, les Américains émerveillés par cette variété lors de leur passage au cours de la Seconde Guerre mondiale ont emporté des plants de Deglet Nour et même des échantillons du sol afin de tenter d'acclimater ce fabuleux palmier en Californie. Sans succès, car les fruits ont été loin de ressembler à la Deglet Nour d'origine sur le plan qualité. Variétés de dattes Il en existe des dizaines, on parle même de cent ou deux cents espèces. Le problème, c'est que la plus recherchée est justement la Deglet Nour, et que le risque est grand de voir péricliter, puis disparaître d'antiques espèces, abandonnées, victimes de l'offre et de la demande. Selon M. Benbouzid, SG de la Chambre d'agriculture de Biskra, “incontestablement, la Deglet Nour est n°1 pour la culture de la datte. Même si de nombreuses autres variétés continuent d'être cultivées pour divers usages. On parle des Mech Degla et assimilés (la non Degla) ; il s'agit de dattes sèches, de Degla beïda, datte sèche destinée aux fêtes (circoncision notamment) mélangée aux bonbons et autres friandises, dragées, cacahuètes et amandes, on la distribue aux gamins. Cette datte est très appréciée dans les pays du Sahel. Enfin, le ghars et autres dattes molles destinées à la confection des gâteaux orientaux. Pour la consommation, on peut citer les dattes à moitié mûres qui viennent début août”. La palmeraie de Biskra comprend environ 4,2 millions de palmiers dont 2,5 millions de Deglet Nour qui fournissent 60% de la production de dattes. “La production de Deglet Nour est plus importante parce qu'elle est mieux soignée, question entretien, élagage, fumure, irrigation, binage, protection phytosanitaire, etc. La production peut atteindre entre 70 et 150 kg de dattes pour les mieux soignés des palmiers”, selon Hadj Atallah Ben Bouzid, SG de la Chambre d'agriculture de Biskra. Toujours selon lui, “le prix du kilo de Deglet Nour, en début de campagne (fin octobre) sur pied coûte entre 70 et 80 DA, avant d'atteindre rapidement suite à la demande intense 140 à 180 DA/kg, toujours sur pied. Au marché de gros, selon la réputation des plantations, le prix du kilo balance entre 90 et 220 DA. Il s'agit d'une véritable bourse de valeur qui doit être surveillée de près par les opérateurs concernés, car elle change quasi quotidiennement”. Les producteurs de dattes sont regroupés depuis peu (avril 2009) en un conseil interprofessionnel, un groupe d'intérêts communs, non opérationnel et encore très divisé pour cause de tiraillements dus aux intérêts divergents des uns et des autres. D'ailleurs, la question du financement d'un fonds destiné à gérer l'organisation continue de se poser, sans trouver de solution consensuelle.Concernant les maladies communes aux vergers phoenicicoles, telles que le bouferoua, qui est un acarien, ou le myelois, un papillon dont la chenille provoque des dégâts importants aux récoltes et les rend impropres à la consommation. Le taux d'infestation admis se situe entre 3 et 5% de larves mortes, après traitement avant exportation. Le traitement des vergers bio se fait par la lutte biologique : le myelois est combattu par l'inoculation d'une bactérie, naturellement inoffensive pour l'homme, ou par des pesticides, lorsque le verger n'est pas homologué bio. Ces traitements sont mis en œuvre par les services de l'INRA et l'INPV qui surveillent étroitement les palmeraies de la région. Selon Hadj Ben Bouzid, le bayoud n'existe pas dans la région sous haute surveillance. Il faut savoir que le bayoud, champignon originaire du Maroc, ne laisse rien sur son passage. L'infestation se propage par l'eau d'irrigation, le champignon remontant par les racines finit par dessécher le palmier, avant de s'attaquer à toute la palmeraie qui finit par disparaître assez vite, en comparaison à sa durée de vie qui approche un siècle. Pour l'heure, il est circonscrit à la région de Ghardaïa qui subit une mise en quarantaine de fait à ce propos. Le dispositif mis en place par l'INPV soumet toutes les nouvelles plantations susceptibles de contaminer la région à une surveillance de tous les instants. De plus, les agriculteurs de Biskra, de Tolga et de l'ensemble du périmètre excellence Deglet Nour ne plantent que des rejetons issus de plantations connues pour être parfaitement saines. La Deglet Nour est particulièrement sensible au bayoud. Conditionneurs exportateurs : manque de financement et concurrence déloyale Si les acheteurs de la Deglet Nour ne manquent pas, il y a eu des années où la rumeur aidant, des marchands venus du nord du pays ont pu laisser perplexes les natifs de la région. Ils avaient ouï-dire que la datte se bradait sur place, alors qu'elle coûtait les yeux de la tête dans la région du Tell. Désarçonnés les Biskris, ils l'étaient au point où ils s'étaient mis à demander à leurs visiteurs où pouvait bien se trouver cette datte miraculeuse à si bas prix. Dès la fin octobre, saison de la récolte et jusqu'en décembre-janvier, les marchands affluent à Biskra, d'Oran, de Tlemcen, de Sétif, d'Alger et de bien d'autres régions du pays. Car le gros des chambres froides se trouvent au Nord. Tous ces facteurs provoquent un accroissement naturel des prix auquel ne peut faire face le consommateur local. Vieux problème des zones ou pays exportateurs qui fait flamber les prix des denrées au niveau local, là même où elles sont produites ! Durant le mois de Ramadhan, la Deglet Nour coûtait environ 300 DA/kg à Biskra. Il faut dire que le prix de gros ces derniers jours (entre le 9 et le 13 novembre, au début de la campagne de cueillette qui commence fin octobre) se situe entre 140 et 190 Da/kg, pour la Deglet Nour de Tolga, au niveau de la palmeraie et sur pied. La datte de Chettma coûte 80 DA/kg, et celle d'El Mghaier (El-Oued) environ 70-80 DA/kg. C'est dire que le top se trouve à Tolga et les 4 autres villages qui l'entourent : Foughala, Bordj Ben Azzouz, Leghrous et Doucen. Ces 5 villages excellent dans les soins apportés aux palmeraies de Deglet Nour : dans le travail de la terre, l'irrigation, le nettoyage, l'élagage (en temps opportun), l'utilisation de fumier animal, l'usage de pesticides et d'engrais chimiques étant totalement proscrit, comme l'assure Hadj Messaoud Guemmari, président de la Chambre d'agriculture de Biskra qui met cela sur le compte de la volonté affichée par tous les acteurs du secteur décidés à labelliser la Deglet Nour, au plus tôt, en tant que produit du terroir. C'est en tout cas le but que s'est assigné l'association des producteurs de Deglet Nour, encadrée par la Chambre d'agriculture, selon Hadj Guemmari. Biskra : 60% de la production nationale de Deglet Nour D'après Ghemri Youcef, président de l'Association des conditionneurs et exportateurs de dattes de Biskra (fondée en 2006), le problème principal qui entrave la bonne marche de la filière réside dans le financement, pour l'essentiel. La datte la plus recherchée étant la Deglet Nour, dont Biskra produit 60% du total national. La Deglet Nour constitue d'ailleurs 50% du verger phoenicicole du pays. “La récolte de la datte se déroule sur une période très courte”, rappelle Ghemri Youcef “deux mois à peine entre fin octobre et décembre : durant ce court laps de temps, il nous faut disposer de ressources financières importantes pour le paiement cash de tout achat de Deglet Nour afin de faire face à des concurrents féroces largement plus riches que nous. Nous devons pourtant acquérir coûte que coûte la quantité de dattes suffisante pour fonctionner le reste de l'année, conditionner le produit en vue d'exportation, et tenir durant la période de soudure, c'est-à-dire 9 mois. Si nous disposions de moyens financiers suffisants, nous pourrions faire barrage à la spéculation en régulant le marché de la datte. Le 2e problème, lié lui aussi au financement, a nécessité de mettre à niveau la plupart des installations des unités de conditionnement, si l'on prétend exporter, car les marchés extérieurs sont devenus très exigeants sur la question du process et pas seulement sur la question du conditionnement, comme l'apparence de l'emballage, par exemple, la fabrication, les machines, la certification, les labos de contrôle, etc. Cette mise à niveau nécessite des crédits et un accompagnement des pouvoirs publics si l'on veut gagner et conserver des parts du marché, quelle que soit la qualité intrinsèque de nos produits. Nous aurions besoin de crédits bonifiés ou sans intérêt pour maintenir à flot la filière, face à une concurrence de plus en plus féroce, ici, en Algérie, face aux marchands qui n'ont besoin que d'un moyen de transport et de beaucoup d'argent, qui n'ont pas à traiter ou conditionner le produit, et à l'étranger face aux exportateurs d'autres pays. Les consommateurs européens, par exemple, ne savent pas faire la différence entre un produit d'excellence et un produit de moindre valeur et s'intéressent plus au prix qu'ils payent. Il serait souhaitable que les aides à l'exportation accordées par le ministère du Commerce soient accessibles aux véritables exportateurs. De même que nous aimerions bénéficier du crédit Rfig. Même si de nombreuses promesses nous ont été faites, nous n'avons encore rien vu venir du ministère de l'Agriculture”. Le président de l'Association des conditionneurs exportateurs détaille le coût de revient de 5 containers de 20 tonnes (soit au total 100 tonnes ou 100 000 kg) conditionnés, destinés à l'export. Le prix d'achat de la Deglet Nour à lui seul se monte à 18 millions de DA. Un conditionneur exportateur pour s'en sortir devrait traiter au moins une dizaine de containers à exporter par an. On peut aisément en évaluer le coût. Ajouter à cela le conditionnement, le triage, le lavage, la stérilisation, les barquettes, la plastification, la main-d'œuvre, le transport, l'énergie, la chambre froide, etc. et vous aurez un prix qui dépasse les 2,3 euros rendu à Marseille. Or, les Tunisiens réussissent à vendre le kilo à 2 euros, rendu à Marseille. Ce qui signifie qu'ils disposent d'un soutien de l'Etat ou d'une mesure quelconque d'accompagnement qui nous manque. Avec une aide bonifiée, le conditionneur-exportateur pourrait, grâce aux produits labellisés entre autres, réduire les prix rendus à l'étranger en dessous de la barre des 2 euros. Il est d'ailleurs fort possible que nos concurrents directs pratiquent le dumping pour sauvegarder leurs parts de marché. À la question de savoir pourquoi ne pas viser le marché intérieur, puisque les prix de détail dépassaient les 3 euros (plus de 350 DA) au début du dernier Ramadhan, M. Youcef Ghemri répond : “Des investissements lourds ont été consentis par les conditionneurs-exportateurs dans le but de valoriser la datte destinée aux marchés extérieurs. Alors que le marché intérieur, comme on peut chaque jour le constater, se suffit d'un conditionnement approximatif, en branchettes, d'une mise en boîte et de la conservation dans des chambres froides. La datte en branchettes peut fort bien être conditionnée sous le palmier ou dans un simple local sans le moindre équipement. Le secteur de la datte est totalement livré aux spéculateurs de tout poil. Les seuls finalement qui ont pignon sur rue sont les conditionneurs-exportateurs et les seuls qui sont contraints de payer des impôts rubis sur l'ongle, car ils ont une adresse, une identité fiscale, contrairement aux acheteurs sur pied qui ne sont pas touchés par le fisc. Si nous devions mettre la clef sous le paillasson, c'est au moins 4 000 emplois directs qui disparaîtraient avec nous dans la seule région de Biskra, pour un total de 28 unités de conditionnement d'une capacité théorique de 30 000 tonnes/an. C'est pas mal quand on sait que la production nationale est de 500 000 tonnes environ, toutes variétés de dattes confondues, dont 50% au moins de Deglet Nour. Nous continuons à attendre beaucoup des pouvoirs publics qui ont déjà déclaré par le passé, après avoir mis en place le fameux couloir vert, que la datte représente la locomotive des exportations hors hydrocarbures”. Pour l'heure, selon le président de l'Association des conditionneurs-exportateurs, les banques domiciliataires ne jouent pas le jeu et n'arrivent pas à comprendre que le prix de la datte évolue très vite : il est passé de 100 DA/kg fin octobre à 140-180 DA/kg après 10 jours seulement du début de la récolte. Fin décembre, le prix risque d'augmenter encore. En attendant au niveau des hôtels de la ville un afflux d'étrangers est constaté, la plupart venus sonder le marché de la Deglet Nour de Tolga, dont la réputation quoiqu'on pense a largement franchi les frontières. Les commerçants locaux, la plupart improvisés depuis peu, se retrouvent au marché en plein air situé dans les faubourgs de Biskra : dans la poussière, sans la moindre commodité, des sacs d'argent changent de main, en échange de chargements de dattes. Une palmeraie modèle Deglet nour “bio” (périmètre de Magtoufa) Il existe une demi-douzaine de producteurs de Deglet Nour bio. Parmi eux, le propriétaire de la palmeraie de Magtoufa, Atia Mohamed Gholam : propriétaire de palmeraies, acheteur avisé de récoltes sur pied, il a bénéficié de l'aide de l'Etat pour la mise en valeur des terres sahariennes, car il y a cru. Il a bénéficié aussi des aides du PNDA destinées aux produits bio ou labellisés. Avant cela, il était enseignant. C'est un homme heureux qui a sans doute mérité son succès. Son créneau est la Deglet Nour bio. Il affirme que durant la saison de la datte, des centaines de jeunes et moins jeunes arrivent de partout et même des wilayas limitrophes à la recherche de travail. Lui-même en emploie une quarantaine dont Farhi, 65 ans, père de 10 enfants, qui vient de Khenchela depuis 17 ans, au début de chaque saison des dattes, fin octobre. Il reste dans la palmeraie trois à quatre mois, il y travaille et y vit, comme tant d'autres venus de Djelfa, N'gaous ou Aïn Beïda. Achat-vente sur pied Une palmeraie classée bio est constamment surveillée par les agents de l'INRA et de l'INPV. Ce mardi 10 novembre, trois agents de l'INRA, dont deux ingénieurs étaient venus contrôler les pièges à myelois qui attirent le papillon grâce à des capsules de phéromone (hormone femelle). Le nombre de papillons piégés indique le taux d'infestation de la plantation. Le contrôle est hebdomadaire. On dispose entre 2 et 3 pièges dotés de capsules à phéromone par hectare. En période de surveillance intensive, ce nombre peut atteindre 30 pièges/hectare. Si le taux dépasse la norme permise, le traitement biologique est immédiatement mis en œuvre, car il est hors de question d'utiliser un traitement chimique dans un périmètre labellisé bio. Même le fumier est ramené d'Ouled Djellal, à 50 km de Tolga. Ouled Djellal est un terroir réputé pour ses moutons. Il existe d'ailleurs un marché spécial pour le fumier de bovins, de camelins, caprins ou de poulaillers qu'on ramène de Sétif souvent. C'est ce qui fait que le prix de la Deglet Nour bio soit plus élevé de 30 à 40 DA/kg, par rapport à la Deglet Nour traitée avec des pesticides ou des engrais chimiques. En fait, l'importateur envoie un expert sur place réaliser les prélèvements de plantes, de feuilles de palmier et des dattes en vue d'analyses. Celui qui visite les palmeraies de Hadj Atia est un Tunisien qui travaille sous l'égide d'un organisme international. La palmeraie moyenne possède 200 arbres. Certaines possèdent plus de 1 000 palmiers, selon Hadj Atia. Si Hadj Atia emploie environ 40 ouvriers durant 3 ou 4 mois, d'autres emploient 100 à 200 ouvriers saisonniers venus des wilayas limitrophes, car la wilaya de Biskra manque de main-d'œuvre déjà. Une bonne Deglet Nour doit être cueillie en régime et rester 6 à 7 jours pendue dans un hangar jusqu'à mûrissement parfait, avant d'être introduite dans une chambre froide. La température de la chambre froide doit être réglée entre 0° et 3°C pour une courte durée (quelques jours ou quelques semaines) et à -4° pour les longues durées. Selon un des ingénieurs de l'INRA venus en inspection, “très souvent la mauvaise utilisation des chambres froides a provoqué de véritables catastrophes et de grosses pertes : dattes abîmées, fermentées, etc. La formation des propriétaires de chambres froides reste encore à faire”. Le kilogramme de dattes hébergé en chambre froide revient à 2 DA/mois. Le paiement de 3 mois est exigé d'office. Une fois les 3 mois dépassés, le paiement s'effectue mensuellement. Hadj Atia dispose de 300 m3 de capacité de stockage en toute propriété. Pour les récoltes qu'il achète sur pied, il peut recourir à la location de chambres froides chez des tiers. Les relations de Hadj Atia avec ses associés semble assez particulières pour être décrites. En effet, avoue-t-il, “lorsque j'achète une récolte de dattes sur pied, je paye son propriétaire cash et je cherche quelqu'un pour s'en occuper jusqu'à la vente. Je partage avec la personne chargée de ce travail les bénéfices de la vente fifty-fifty”. Hadj Atia pratique l'achat de récoltes de Deglet Nour sur pied. “Dans ce but, il m'arrive de me fier aux renseignements concernant telle ou telle palmeraie visitée par d'autres acheteurs experts. Je sais que leurs offres se rapprochent toujours de la valeur réelle de la récolte. Ce qui me permet de foncer sans trop de risques”. Mais d'une façon générale, la vente sur pied traditionnelle faisait appel à un agriculteur expert appelé kherras. Les deux contractants, l'acheteur et le vendeur, ramènent chacun son kherras. Dès que les estimations se rapprochent, l'accord est réalisé sur la base du prix d'un saa, soit l'équivalent de 120 kg, environ, qui reviennent entre 10 000 et 12 000 DA. Actuellement, l'estimation est réalisée sur la base du nombre de palmiers existant dans la palmeraie. - Environ 60% des palmeraies sont composées de la variété Deglet Nour. - L'effectif total des agriculteurs s'élève à 32 000, dont 30 000 s'occupent de maraîchages et de cultures sous serre et 2 000 sont éleveurs d'ovins et de caprins surtout, pour 1 million de têtes d'ovins d'Ouled Djellal, 4 500 bovins et 560 camélidés. (Données de la Chambre d'agriculture de Biskra). Les données chiffrées concernant la culture du palmier-dattier pour l'année 2008 et les prévisions pour la récolte 2009 sont les suivantes : Campagne 2008 : Deglet Nour : 65% des palmeraies du pays Il existe un nombre total de 4 133 617 palmiers (Biskra), toutes variétés confondues. 2 517 075 palmiers Deglet Nour, dont 1 559 000 palmiers productifs. Production totale : 1 090 828 quintaux. Production par pied (palmier) en 2008 : environ 70 kg. La production a été affectée par la pluviométrie relativement importante qui a influé, en 2008, sur la qualité des dattes. À ce propos, on peut remarquer que chaque régime de dattes (un palmier en compte une douzaine environ, et 18 au maximum) est protégé par un film plastique pour éviter qu'il ne soit détérioré par la pluie. Prévisions pour 2009 Total palmeraie : 4 141 927, dont 2 522 0775 Deglet Nour Palmiers en production : 1 607 000 palmiers Deglet Nour, soit 1 300 000 quintaux. Rendement par pied 76 kg, soit une nette évolution tant en quantité qu'en qualité, par rapport à l'année écoulée. Pas de maladies constatées en 2009, ni le bouferoum (acariens) ni le myelois (larves de papillon) n'ont été signalés dans les plantations. Il faut signaler que la palmeraie de la région de Biskra, et spécialement celle de Tolga pour la Deglet Nour, est protégée du fait même que les agriculteurs ne souhaitent planter que les rejets provenant de la région, ce qui les prémunit de tout risque d'infestation par le bayoud ou d'autres maladies graves.