Comme on nous le dit, cette “exposition se propose de raconter, par le biais de parcours d'hommes et de femmes ordinaires, en particulier des artistes, la présence des Maghrébins en France. Riche de nombreux documents inédits, cet événement sera l'occasion de découvrir un aspect méconnu de l'immigration nord-africaine dans l'Hexagone”. Une palette de noms connus du monde de l'art, personnages du paysage culturel français et algérien, illustres pointures du monde des médias et autres personnes politiques enrichissent de leur présence cette exposition autant par sa richesse que par son originalité. Des dizaines de milliers de visiteurs ont sillonné ses travées, visionné ses projections et assisté à ses initiations par un personnel maison compétent. Acteurs privilégiés dans la destinée de ces communautés, les artistes sont des témoins précieux de cette histoire. C'est aussi à partir des matériaux qu'offrent la littérature, le cinéma puis la télévision, le théâtre et les arts plastiques que cette exposition entend retracer ce siècle avec, on l'aura compris, plusieurs partis pris : embrasser l'histoire sur le long cours, en partant des pionniers de la seconde moitié du XIXe siècle aux mutations radicales de ces dernières décennies. Raconter cette histoire du point de vue de ces populations, sans négliger leur environnement, d'où le choix de privilégier dans la scénographie les supports culturels, témoins premiers du long processus d'enracinement et de ses épreuves — les deux conflits mondiaux, la colonisation, puis les guerres d'indépendance, la sédentarisation inéluctable toujours en question, etc. ce siècle à partir des itinéraires de personnalités, maghrébines ou françaises, qui ont été les acteurs encore trop souvent méconnus : de l'émir Abd el-Kader, fêté par Napoléon III et le Grand Orient, aux marcheurs de 1983, du Kabyle Ahmed Ben Amar El Gaïd, fondateur du Cirque Amar, aux vedettes d'aujourd'hui. Passer enfin de la mémoire à l'histoire, sans négliger les conflits, les rencontres ni les métissages, et prenant en compte toutes les facettes de cette histoire culturelle, des orchestres judéo-musulmans, encore actifs au début des années 1970, aux crispations identitaires qui nous posent question.