"Hna Lghorba " (Nous sommes l'exil) est le titre d'un triple CD Platinum Collection que proposent l'association maghrébine, Génériques de concert avec EMI Musique France.Cet album très condensé, retrace avant tout les musiques et chansons des maîtres de la chanson maghrébine en France de 1937 à 1970.De la jeune Ouarda, Blond Blond, Salim Hallali, Line Monty jusqu'à Cheikh ZaImi, Akli Yahiaten, Kamel Hammadi, en passant par Ahmed Jabrane et Slimane Azem, ce coffret retrace la formidable épopée des chanteurs maghrébins en France et se situe dans la dynamique de l'exposition de Génériques " Un siècle d'histoire culturelle des Maghrébins en France ", présentée à la Cité nationale de l'histoire de l'immigration (Cnhi) à partir de mai 2009. Un livret de huit pages racontant l'histoire de ces artistes qui ont marqué la scène culturelle maghrébine et française, accompagne également ce coffret collector. Vous y trouverez des images, des pochettes d'album d'époque ainsi qu'un texte de Naïma Yahi, chargée de recherche à Génériques, et Driss El Yazami, délégué général de Génériques, présentant la formidable et riche discographie des musiques maghrébines en France. Y est également développé le thème d'El ghorba (l'exil), cher à ces artistes ancrés dans les cultures des deux rives de la Méditerranée. Sorti en novembre, Hna Lghorba (Nous sommes l'exil) éclaire à sa façon la production d'un grand nombre de compositeurs et d'interprètes considérés aujourd'hui, comme les maîtres de la chanson maghrébine en France. Les 38 titres de ce triple CD, proviennent du catalogue arabe de la major EMI. Variations sur l'exil, " Hna Lghorba " renseigne singulièrement sur la richesse des brassages musicaux déjà à l'œuvre dans le Paris de la fin des années trente. Ce coffret collector est né à l'initiative de l'association Génériques, dans la perspective de son exposition " Un siècle d'histoire culturelle des Maghrébins en France". Ce coffret contient, pas moins de trente-huit chansons des maîtres du lyrisme maghrébin. En octobre 2007, les chanteurs Mouss et Hakim, transfuges du groupe toulousain Zebda et du mouvement des Motivé-e-s, publiaient " Origines contrôlées ", des reprises de chansons composées par les travailleurs immigrés algériens de 1940 à 1970 (Atmosphériques). " Il faut qu'on sache, expliquait alors Mouss, que si nos parents n'étaient pas écoutés, donc pas visibles, ils n'étaient pas soumis pour autant, et qu'eux aussi ont laissé une empreinte sur le monde ". L'album, de facture moderne, comportait " Maison blanche ", un titre de Cheikh El-Hasnaoui, figure importante de la chanson maghrébine et kabyle, né à Tizi-Ouzou (Algérie) en 1910, venu en France en 1937 et mort en 2002 sur l'île de La Réunion. " Pour qui a le coeur compatissant, plus grande misère que celle-là, il n'y en a point ", dit la chanson qui revient sur l'émigration massive des Kabyles vers la France, dès avant la seconde guerre mondiale. Hna Lghorba (" Nous sommes l'exil ", propose " Maison blanche " dans sa version originale (1953), chantée par Cheikh El-Hasnaoui - voix chaude, instrumentation simple et gracieuse, préfiguration des succès à venir du Kabyle Idir. Ces trésors musicaux appartiennent aux archives de la major EMI, explorées par Génériques. Cette œuvre musicalement riche, souvent d'une grande beauté, par les voix, le jeu du violon, du mandole, des flûtes ou du luth. Il y a de l'humour (les imbattables judéo-arabes adeptes du françarabe, Line Monty ou Blond Blond), de la nostalgie (avec Dahmane El-Harrachi, 1925-1980, émigré en 1949, dont Rachid Taha reprit le fameux " Ya Rayah " ! en 1998). Hna Lghorba informe sur l'évolution de la musique maghrébine, qui rencontre la rumba et le mambo (Abdelwahab Agoumi, Rumba, Rumba Bint Paris), se nourrit des apports des musiciens juifs, de la limpidité des mélodies berbères, et des musiques rurales et débridées qui aboutiront au raï. Chômage, passeport, Paris, chéri : le parcours est semé de mots en français. Dans ces délices concoctées parfois après le travail en usine dans la moiteur des cafés d'avant-guerre, ou dans les tourbillons des fêtes de l'après-indépendance, tout est bon à entendre : la jeune Ouarda, qui n'est pas encore la grande Warda, ou Noura, la chroniqueuse des déchirements et des translations (Paris dans mon sac, en français, 1966). L'exposition prévue en mai se propose de raconter par le biais de parcours d'hommes et de femmes ordinaires, en particulier des artistes, la présence des Maghrébins en France. Riche de nombreux documents inédits, cet événement sera l'occasion de découvrir un aspect méconnu de l'immigration nord-africaine dans l'Hexagone. Acteurs privilégiés dans la destinée de ces communautés, les artistes sont des témoins précieux de cette histoire. C'est aussi à partir des matériaux qu'offrent la littérature, le cinéma puis la télévision, le théâtre et les arts plastiques que cette exposition entend retracer ce siècle.