Sidi Ahmed Ben Mohamed partit seul à pied de Sakiet El-Hamra à la recherche d'un endroit hospitalier. Sa route le conduisit d'abord sous les murs de Oum El-Asker. C'était l'été et le soleil de midi dardait ses rayons brûlants. La chaleur était suffocante dans cette région des hauts plateaux. Le sultan de la ville se reposait dans une chambre haute de son palais et regardait la campagne brûlée par le soleil. Il aperçut le voyageur et se dit : “Ça doit être soit un taleb soit un fou.” Il appela son garde et lui ordonna d'aller se renseigner. Comme ce dernier n'avait aucune finesse, il aborda Sidi Ahmed et lui dit tout de go : “Qui es-tu ? Mon maître le sultan dit qu'il n'y a que les talebs ou les fous qui marchent ainsi en plein soleil !” Eh bien, répliqua le voyageur, dis à ton maître qu'il n'y a que les chiens et les sultans pour se reposer à l'ombre. Le garde transmit le message. Le sultan vit rouge. Il envoya immédiatement chercher cet impertinent voyageur qui avait la langue bien pendue. Mais Sidi Ahmed ne se démonta pas. Il ne bougea pas de sa place. Le sultan se déplaça alors vers se récalcitrant. Quand il s'approcha, il vit le marabout s'élever en l'air. Stupéfait par ce prodige, le sultan se mit à bredouiller : “Pardonne-moi, pardonne-moi, ô Sidi, reste ici et je ferai ta fortune.” Le marabout fit non de la tête en disant qu'il devait aller plus loin, au pays des Ouled Naïl et il partit. NADIA AREZKI [email protected]