Les statistiques sanitaires deviennent de plus en plus alarmantes. Les maladies frappent insidieusement. Diabète, affections cardiovasculaires, cancer… sont entrés dans notre quotidien en l'espace de quelques décennies. Qu'est-il arrivé à ces Algériens dont la robustesse fut légendaire ? Le changement brusque de mode de vie, entendons-nous dire le plus souvent. Mais c'est incontestablement le bouleversement de nos habitudes alimentaires qui est incriminé. Même si de timides voix s'élèvent ici et là pour dénoncer les facteurs de tant de dégénérescence. Un légume de bonne santé Il ne faut pas sortir d'une grande école de médecine pour comprendre que les centaines de matières de synthèse lâchées dans nos assiettes ne sont pas sans risque. Pour ne prendre que l'exemple du pain, les additifs et autres améliorants — plus de quatre cents —, interdits aujourd'hui en Europe, continuent à être utilisés chez nous. Il faudrait des résolutions urgentes et draconiennes pour mettre fin à tant d'incurie. Nous savons que ce n'est pas pour demain. Pourtant, la solution est entre nos mains. Le retour à une alimentation qui a fait ses preuves. L'Algérien fut un invétéré végétarien, du temps où il allait relativement bien. Accroché à son environnement, il en tirait une grande partie de sa subsistance, autant que lui en procurait l'agriculture. L'année s'egrenait au rythme des saisons dont chacune prodiguait ses bienfaits grâce à ses productions végétales. D'entre celles-ci, dès l'automne venu, le scolyme dit d'Espagne va prodiguer ses bienfaits alimentaires jusqu'au début du printemps. Les anciens ne s'y trompaient pas Le scolymus hispanicus des botanistes, notre guernina (taghdiwt, jeniz), est une des plantes alimentaires “sauvage” des plus appréciées chez nous. Longtemps considérée comme l'apanage des tables maghrébines, la guernina est connue et utilisée dans tout le pourtour méditerranéen où elle croît spontanément. Cette espèce est originaire principalement des bords de la Méditerranée : Afrique du Nord, du Maroc à l'Egypte, Europe méridionale, du Portugal à la Grèce, Europe orientale (Roumanie, Ukraine), Asie occidentale, de Chypre et de la Turquie jusqu'en Iran. Elle fut même activement cultivée à usage d'alimentation dans le nord de l'Europe. De nos jours, la plante est développée comme ornementale. On découvre sur le net des offres à 5 dollars canadiens le pied. Ce qui vient ajouter à la préciosité du végétal si commun dans le pays. La plante, qui contient de l'inuline, est comestible : on peut consommer les jeunes pousses en salade et les racines cuites en ragoût. L'inuline est considérée comme une fibre alimentaire soluble. L'inuline atteint donc le côlon intacte où elle est utilisée par la flore intestinale qui la métabolise. Les anciens ne s'y trompaient pas. De nos jours disponible sur les marchés autour de 50 DA le kilo, nettoyée de ses feuilles et épines, la guernina mériterait de figurer plus souvent dans les menus familiaux et, pourquoi pas, sur les cartes des restaurants. RECETTE Omelette à la guernina Ingrédients : Prévoir pieds de guernina, 3 œufs, 1 gousse d'ail hachée, de l'huile d'olive, sel et poivre. Préparation : Bien nettoyer les tiges de guernina pour les débarrasser de la terre qui y adhère et les égoutter soigneusement. Mettre 1 cuillerée à soupe d'huile d'olive dans une poêle antiadhésive. Dès que l'huile est chaude, verser les tiges. Saler, poivrer, couvrir et laisser sur feu doux 7 à 8 minutes. Vérifier la cuisson et l'assaisonnement, ajouter l'ail. Casser les œufs dans un bol, saler, poivrer et les battre légèrement. Retirer la guernina de la poêle et la réserver dans une assiette. Remettre une cuillerée d'huile, faire chauffer et verser les œufs. Remuer à l'aide d'une spatule en bois. Dès que l'omelette a pris, disposer la guernina au centre et la rouler . Servir chaud avec un filet d'huile d'olive. Momo [email protected]