Ailleurs, on dépose sa démission pour permettre à la justice de faire son travail, sans influence. Ici, on nargue et la justice et la presse qui sont, apparemment, la cause de tous les ennuis. Le comportement de certains de nos ministres et hauts responsables n'a pas évolué d'un iota. Il date des années du socialisme post-indépendance, la légitimité historique en moins. Imbus de leur pouvoir du moment, ils font le dos rond et le tour des amis perdus dès qu'on ne leur donne plus du “Monsieur le Ministre”. Cette image vise simplement à illustrer de façon caricaturale le peu de courage dont font preuve certains hauts commis de l'Etat quand ils sont rendus responsables d'une incurie, ou sous le coup d'une accusation qui éclabousse leur département. Ailleurs, on dépose sa démission pour permettre à la justice de faire son travail, sans influence. Ici, on nargue et la justice et la presse qui sont, apparemment, la cause de tous les ennuis. On n'en serait pas arrivé là si la communication de toutes les institutions ne s'était pas rétrécie et limitée, pendant que les responsables qui se révèlent prolixes devant les caméras de la télévision, quand il s'agit de couper des rubans d'inauguration, de goûter au pain et au lait de l'hospitalité du pays profond mais qui ferment les yeux et se bouchent les oreilles dès que surgit la moindre grève et la moindre manifestation de mécontentement. Le mécanisme de la parade à ces deux situations étant huilé depuis longtemps, les chargés de communication n'avaient pas besoin de mise à niveau jusqu'à ce que ces histoires de corruption viennent perturber le train-train monotone du quotidien. Les réactions d'au moins deux de nos ministres sont révélatrices d'un désarroi enfantin. Le premier fait passer son autoroute devant “les chiens qui aboient”. Le second, qui perd de jour en jour de sa superbe, plaide plus qu'un avocat, s'emmêlant maladroitement les pédales et le sens des responsabilités. De ce spectacle lamentable, il ne faut pas se tromper de cible et tenir rigueur à la presse et à la justice. Si elles avaient les coudées franches, sûrement qu'elles iraient loin dans les autres cas de malversations. O. A. [email protected]