Une sélection d'oeuvres cinématographiques du grand cinéaste aragonais, Luis Buñuel, sera présentée tout au long de la semaine au niveau de la salle El Mougar. Même s'il reste peu connu du grand public, ce géant du cinéma espagnol et mexicain est un nom qui marqua à tout jamais le monde du septième art. Sa signature a donné depuis très longtemps des gages de qualité aux films qu'il réalise. Pour faire connaître ce réalisateur au public algérien, un cycle de films consacré à ce virtuose du cinéma a été justement inauguré avant-hier à la salle d'El Mougar à 14 heures. Cet événement a été organisé conjointement par l'ambassade du Mexique à Alger, l'Institut Cervantès d'Alger ainsi que l'Office national de la culture et de l'information. «Les films qu'on a sélectionnés pour ce cycle qui va durer jusqu'au 13 février, sont représentatifs de l'évolution de l'oeuvre cinématographique de Luis Buñuel.», notera le chef de mission adjoint de l'ambassade du Mexique, Alejandro Pescador. Au cours de son allocution, ce dernier évoquera le parcours de Luis Buñuel. Un parcours riche et diversifié. En effet, son aventure cinématographique, Buñuel l'entama à Paris. Après l'écriture d'une adaptation de Hamlet, son intérêt pour le cinéma s'accroît. Il s'inscrit à l'école du comédien de Jean Epstein et deviendra son assistant en 1926 dans Mauprat et en 1928 dans La Chute de la maison Usher. Il apprend alors les techniques d'un art qui était à l'époque toujours considéré comme un divertissement forain. Et c'est en 1929 qu'il put réaliser son premier film: Le Chien andalou. Ce chef-d'oeuvre cinématographique restera une référence en matière de cinéma surréaliste. Le scénario, un savant dosage de violence et de mystère, fut écrit avec Salvador Dali, l'ami qu'il a connu avec Garcia Lorca à Madrid durant ses études. Un an après, il réalise L'âge d'or. Plusieurs agressions ont eu lieu lors des projections. Le film fut interdit. Ce n'est qu'en 1981 que le public a pu le voir. Il part pour Hollywood, cette fois-ci, puis pour New York où il travaille sur les films de propagande nazis. Mais son ami, Dali, publie peu de temps après, son autobiographie. Et dans laquelle, il formule d'acerbes critiques contre Buñuel. Il le traita de marxiste et d'anti-clérical et dressa un profil de l'homme qui n'était pas en adéquation avec l'idéologie dominante aux Etats-Unis. Il s'exile alors au Mexique, où il fut naturalisé. Olvidados, La vie criminelle d'Archibald de la Cruz ou encore La Mort en ce jardin, sont les oeuvres magistrales de Buñuel réalisées au Mexique. Il reçut plusieurs prix. Dans ces films, Buñuel dénude jusqu'à l'os la bigoterie de la classe bourgeoise mexicaine. Le film qui a été projeté pour l'inauguration, Viridiana, est quelque peu différent des précédents. Pour le réaliser, Buñuel quitte son Mexique et part tourner en Espagne. Cette oeuvre cinématographique est un pamphlet explosif de l'Espagne franquiste. Il tourne en dérision le dogmatisme religieux, la bigoterie de la société de l'époque. «Il utilise souvent l'humour comme une arme redoutable pour critiquer les travers de la société...», fera observer M.Pescador. Bref, c'est un film qu'il faut absolument voir et revoir car il reste toujours d'une actualité brûlante. L'ambassade du Mexique avait également organisé une exposition de photos de Luis Buñuel et des affiches de films qu'il a réalisés.