Le président de l'Ugea, M. Dennouni, qui se trouvait ce jeudi à Oran pour une réunion extraordinaire des fédérations de l'Ouest, ne s'est pas fait prier, lors d'un point de presse, pour s'attaquer ouvertement à la position des entreprises étrangères, tout comme les politiques mises en place pour ouvrir grands les bras à ces sociétés. Il revendique une politique “de patriotisme économique”, car, selon lui, seules les entreprises algériennes créent de l'emploi, une plus-value qui reste au pays, sans compter la formation. Pour étayer ses propos, il poursuit que “les entreprises algériennes du BTPH connaissent beaucoup de problèmes, elles subissent une concurrence déloyale au niveau des prix, de l'approvisionnement, des règlements des situations, etc.” “Tout est fait pour favoriser les entreprises étrangères, alors qu'en contrepartie, elles n'ont rien apporté”, dénonce-t-il. L'intervenant regrette que les sociétés étrangères aient bénéficié de plus de 60% des projets, soit 24 milliards de dollars, qu'elles ont engrangés entre 2005 et 2009. Dans l'habitat, “le prix du m2 accordé aux entreprises étrangères est 30 à 40% plus élevé que celui pratiqué avec les entreprises algériennes” et de souhaiter, une fois plus, “une plus grande implication des entreprises algériennes dans les marchés publics”. Pourtant, affirme-t-il, les sociétés étrangères sous-traitent avec les entreprises algériennes du secteur qui s'avèrent, en fait, les vraies réalisatrices. “Pourquoi alors ne pas confier directement les projets aux entreprises algériennes ?”, s'interroge-t-il. “Nous avons fait beaucoup d'efforts pour améliorer la qualité, le savoir-faire ; nous n'avons pas besoin des entreprises étrangères (…) hormis sur le plan du savoir-faire de haute technologie.” M. Dennouni n'a pas manqué de rappeler que dans le volet de mise à niveau des PME/PMI algériennes, le secteur du BTPH a été volontairement exclu des programmes Meda 1 et Meda 2. “Vous comprenez pourquoi ce n'est pas la peine de faire un dessin”, a-t-il commenté. Dans la perspective du prochain plan quinquennal, quelque 150 milliards de dollars de projets, l'on comprend que pour l'Ugea l'enjeu est de taille. Si M. Dennouni se félicite que certaines propositions de l'Ugea aient été retenues dans le cadre du projet de code des marchés, il souhaite néanmoins que l'Etat aille plus loin dans son rôle de régulation et de contrôle pour placer toutes les entreprises dans une situation de concurrence loyale et que les pouvoirs publics combattent la corruption par le biais de la Cour des comptes, avec plus de contrôle et de régulation, là aussi. Parmi la série de propositions, le président de l'Ugea citera la libéralisation des prix du ciment, estimant qu'à l'heure actuelle l'offre peut couvrir la demande. Le projet de loi des promotions immobilières, considéré “comme un code pénal et qui ne va faire qu'aggraver la situation”, irrite aussi l'Ugea qui le rejette catégoriquement et totalement. “Sinon, personne ne pourra travailler”, explique l'intervenant. Evoquant la tenue d'assises nationales qui devrait avoir lieu “très prochainement”, le président de l'Ugea annoncera qu'à cette occasion son organisation compte bien soulever certains points importants comme le décret sur la qualification qui “pénalise aujourd'hui les Algériens désireux de créer leurs sociétés”.